Jonah, vol. 1, les sentinelles

Jonah, vol. 1, les sentinelles
Taï-Marc Le Thanh
Didier Jeunesse, 2013

Chasse à l’enfant- bonheur

par Anne-Marie Mercier

jonah1Comme beaucoup de héros de romans pour adolescents, Jonah est orphelin, de parents inconnus. Il a en plus la caractéristique d’être né sans mains. Cela pourrait faire de lui un personnage plein de tristesse et c’est tout le contraire. Ici, le roman ne se contente pas de délivrer la rassurante théorie de la résilience et de l’espoir mis à portée de tous mais propose un développement fantastique (ou fantaisiste) intéressant : à la place de ces deux mains, de petites excroissances se sont formées de chaque côté du cerveau de Jonah, comme de toutes petites mains. Elles le massent, orientent ses pensées dans une direction positive, le maintiennent dans la joie, le conseillent parfois. Si Jonah les entend rarement, les deux voix, appelées voix A et voix B, conversent entre elles dans des dialogues très réjouissants, et lui procurent un don qui se révélera sans doute très utile dans les volumes suivants.
Mais pour l’heure, dans ce premier tome, ce don lui apporte surtout des ennuis car il est traqué par une mystérieuse organisation qui surveille les naissances d’enfants étranges pour emprisonner ceux qui lui semblent intéressants. L’enlèvement de Jonah provoque de multiples péripéties, mobilise ses amis de l’orphelinat qui partent à sa recherche, le directeur de l’institution, qui a été transformé par la présence heureuse du héros, et jusqu’au mystérieux jardinier psychopathe et misanthrope, touché par la grâce grâce à cet enfant.
Et ce livre est effectivement porté par une certaine grâce, un goût du bonheur qui rend les menaces d’autant plus inquiétantes. De roman social optimiste, dans lequel un orphelin handicapé transforme un lieu et des personnes sinistres en instruments du bonheur, le texte se transforme en thriller efficace et original à de nombreux égards. Que la nature soit la principale force acharnée à détruire le héros en est une marque  intéressante : on sait combien le discours écologique mou est en vogue actuellement dans ce secteur éditorial.
L’écriture est d’une grande plasticité, tantôt enjouée, tantôt nerveuse, et porte parfaitement les différents aspects du récit. Le texte ignore tout ce qui pourrait être fioritures ou remplissage et se concentre sur les détails significatifs, les dialogues savoureux, et une composition impeccable.
Le lecteur ne peut qu’attendre impatiemment la suite…

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