Garçons sans noms

Garçons sans noms
Kashmira Sheth
Ecole des loisirs, 2014,
Traduit de l’anglais par Marion Danton

  L’horreur de l’esclavage des enfants

                                                                                                       Par Maryse Vuillermet

garçons sans noms image Le triste anniversaire de l’incendie et de l’effondrement de l’usine textile de Dacca eu Bengladesh surnommée l’usine de la misère est là pour nous rappeler l’actualité atroce du travail/ esclavage des jeunes femmes ou des enfants dans les pays  en voie de développement.

Dans ce roman, un jeune garçon débrouillard et intelligent, Gopal,  est le narrateur de l’histoire de  sa famille à la fois singulière et représentative de milliers de famille en Inde. Ses parents cultivateurs ont fait faillite à la suite d’d’une récolte trop abondante d’oignons qui a fait chuter les cours. Criblés de dettes, ils sont à la merci de l’usurier et ne peuvent plus que fuir en ville, à Bombay,  en laissant tout derrière eux. Durant le voyage, la famille se sépare du père et le voilà qui disparaît, ne revient plus. La mère, Gopal et ses frères trouvent enfin la masure de l’oncle dans un bidonville où s’entassent déjà des centaines des familles. Gopal pressé d’aider les siens suit un jeune homme qui lui promet du travail. Mais,  dès l’arrivée dans l‘atelier de confection de cadres, il se retrouve enfermé, avec six autres enfants ou jeunes de son âge. Un chef d’atelier a instauré tout un système de terreur, d’humiliation  de privations pour faire travailler ces enfants en leur faisant perdre tout espoir de fuite ou d’une vie meilleure ; il va même jusqu’à les menacer de travailler dans les usines de feux d’artifice très dangereuses, ou de s’en prendre à leur famille. Gopal raconte alors son quotidien atroce, sa fatigue, les humiliations ou sévices corporels imposées par le chef ou ses camarades, le temps, le manque des siens.

 Mais  grâce à son intelligence, à sa farouche volonté de retrouver les siens pour les aider, au souvenir lumineux de sa mère, et à son talent de conteur, il va peu à peu réussir à gagner la confiance des autres enfants.En effet, il faut absolument qu’ils cessent de s’entre-déchirer et forment une équipe soudée pour espérer un jour s’enfuir ensemble.

Le roman est très riche, tous les personnages existent, chaque enfant a une personnalité, une histoire, qu’on découvre peu à peu. Ils n’ont plus de noms car on le leur a interdit, ils sont recroquevillés sur eux-mêmes, évitent de penser et de se souvenir de leur vie d’avant pour ne pas trop souffrir. Le lecteur est pris au piège lui aussi, il s’attache à ses enfants et veut savoir comment ils vont s’en sortir. Gopal va,  grâce à ses histoires, leur redonner une parole puis une identité et enfin, un espoir. C’est ainsi un hymne au pouvoir puissamment réparateur de la fiction.

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