Les affreusement sombres histoires de Sinistreville

Les affreusement sombres histoires de Sinistreville
Hubert très très méchant
Christopher William Hill
Flammarion

Fais aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse.

Par Michel Driol

sinistrevilleSinisitreville… rien que le nom fait frémir ! Sur le plan de la ville, à l’ouverture du roman, on relève l’Allée de l’Empoisonneur ou la maison de redressement pour enfants inadaptés… Hubert a la chance d’être admis à l’Institut tant convoité, dont les méthodes d’éducation semblent sorties d’un roman de Dickens… Alors qu’il est brillant élève, le directeur, par brimade, l’accuse de tricherie, lui interdit d’avoir le violon de prestige, et le renvoie. Du coup, toute la famille entre en dépression, car elle est chassée de son logis et de son emploi par le tout puissant Institut. Cela suffit pour déclencher une envie de vengeance chez Hubert, qui ligote un des professeurs… lequel sera retrouvé mort quelques jours plus tard. Puis Hubert décide de supprimer, par des méthodes de plus en plus sophistiquées, les autres professeurs, avant d’être capturé par la trahison de la seule fille sympathique…

Le décor décrit est particulièrement  sinistre : on y travaille dans des usines de colle pestilentielles,  Les officiers aimés par la gouvernante sont tous morts tragiquement,  on boit de la bière tiède…, et le cimetière est bien sûr un des hauts lieux du roman.  Hubert trouve du travail chez un volailler et y apprend à tuer les poulets… Bref, on assiste à un summum du sombre, du glauque et du gothique, dans la lignée de certains romans ou dessins animés qui peignent aussi un univers sans gaité. Mais le tout est raconté avec un humour particulier, noir et grinçant.

Certes, mais faire d’un enfant de douze ans un meurtrier  ingénieux, sans remords, cela pose problème. Les professeurs de l’Institut, à l’exception d’un qui se fait renvoyer, sont certes des notables tout puissants, usant de leur pouvoir pour terroriser et martyriser les enfants qui leur sont confiés. Mais est-ce suffisant pour justifier le désir de vengeance personnelle à travers des meurtres perpétrés de sang-froid, avec préméditation, et un certain sadisme ? La question morale mériterait au moins d’être posée. Le personnage féminin d’Isabella s’avoue à la fin tout aussi amoral que celui d’Hubert, pour avoir le violon en sa possession. Seul le professeur Lomm et, dans une moindre mesure, les parents d’Hubert apparaissent comme positifs.

L’imaginaire, la légèreté du ton, l’humour, permettent-ils de subvertir les valeurs ?

 

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