Petit ogre veut un chien

Petit ogre veut un chien
Agnès de Lestrade, Fabienne Cinquin
La poule qui pond édition, (septembre 2014) mars 2017

Gare à l’appétit de papa ogre!

Par  Chantal Magne-Ville

Saluons la réédition de cet album qui attire d’emblée par des images aux couleurs vibrantes, dans lesquelles le rouge et le noir se disputent le blanc de la page, donnant un dynamisme joyeux à une histoire pourtant terriblement tragique. L’album séduit par son ton léger, ses dialogues enlevés, bâtis sur la même trame, mais très efficaces, et surtout par la vraisemblance de la psychologie enfantine, surtout dans ce contexte.

En effet, Petit Ogre veut un animal de compagnie, mais qu’il s’agisse d’un chien, d’un lapin, ou d’un poisson, son père ogre n’aura de cesse de le dévorer. Les scènes de même type, dans l’animalerie, montrent un Papa Ogre conseillant insidieusement à son fils de choisir l’animal le plus gros, tandis que le Petit Ogre opte toujours pour « le plus mignon ». Il apparaît toutefois assez vite que l’enfant, et, de ce fait, son jeune lecteur, ne sont pas dupes des mensonges du père quant aux prétendues disparitions des animaux. Petit Ogre opte donc en dernier ressort pour un éléphanteau, manière de mettre Papa Ogre  définitivement hors d’état de nuire, tout en permettant à Petit Ogre de revenir à son premier choix ! Les images d’ouverture et de clôture se répondent avec une scène de repas symétrique, mais où l’ogre est devenu végétarien.

L’illustration souligne la démesure du père, quand sa figure de Papa Ogre crève l’image, par des cadrages serrés sur les dents et des gros plans sur la bouche énorme. Les images de Fabienne Cinquin jouent avec de nombreuses références culturelles, littéraires et picturales. Elles sont  autant d’indices pour le lecteur débutant, comme  le nez allongé de Pinocchio quand le père ment, ou la plume dans la gueule du chat censé avoir mangé un poisson.

Cet album à la mise en page particulière pour le texte fait apparaître les syllabes en couleurs alternées (rouge et noir). Il signale les lettres muettes et  indique les liaisons obligatoires par une petite courbe de façon à faciliter le déchiffrage et la fluence de la lecture. Heureusement, cela n’empêche pas ce livre de rester une véritable œuvre littéraire, notamment par le sujet abordé et l’image, qui nécessite une exploration renouvelée. Idéal pour des lecteurs débutants.

 

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