L’Or bleu des Touaregs
Donald Grant
Seuil Jeunesse 2020
La différence entre un jardin et un désert, ver n’est pas l’eau, c’est l’homme (proverbe touareg)
Par Michel Driol
Les Editions du Seuil ont la bonne idée de rééditer un album paru en 2009 aux Editions du Sorbier. Le narrateur, Amzin, âgé de 7 ans, est fils d’un chef de caravane. Il décrit d’abord la vie quotidienne sous la tente, en plein désert. Mais, faute de pluie, il n’y a pas de pâturage pour les troupeaux, et le groupe va s’installer aux lisières d’une ville pour survivre. Le père vent ses bêtes, et achète un champ, dont le puits est à sec. Après avoir été aide-maçon, il a l’idée de creuser davantage le puits, et l’eau – le fameux or bleu – arrive ! Le champ quelques mois plus tard produit des légumes en abondance, ce qui permet de reconstituer un troupeau de chèvres. Et certains jours, la famille retourne au désert.
Les illustrations – pleine page et souvent double page – évoquent avec réalisme la vie et la splendeur sauvage du désert : Touaregs regroupés autour du feu, caravane en contrejour entre sable et ciel dans des couleurs chaudes qui contrastent avec le bleu des vêtements, et le vert enfin du jardin que des rigoles d’eau bleue quadrillent. L’album a bien sûr un côté ethnographique et documentaire pour mieux comprendre et respecter la vie et la mentalité de ces nomades obligés un temps de se sédentariser et d’apprendre à cultiver la terre. Malgré des conditions de vie difficiles, il montre le lien profond qui unit les hommes et leurs animaux (le jeune narrateur est l’ami d’un jeune bébé chameau). Le choix d’un jeune narrateur permet au lecteur occidental de bénéficier d’un regard à la fois naïf et émerveillé sur le monde, et contribue à l’empathie que l’on ressent pour les personnages.
Un album qui permet de mieux comprendre et respecter d’autres cultures, d’autres façon de faire, et qui parle avec justesse du respect des traditions et des valeurs ancestrales.