L’Éléphant. Un conte du chat perché

L’Éléphant. Un conte du chat perché
Marcel Aymé, May Angeli
Les éditions des éléphants, 2019

Jouer au Déluge

Par Anne-Marie Mercier

Les éditions des éléphants ont bien fait de rééditer ce conte de Marcel Aymé, et pas seulement comme un clin d’œil à leur nom. Moins connu que bien d’autres (comme les « Boites de peintures« , qui mêle également réalisme et fantastique, illustré par la même artiste, chez le même éditeur) il est pourtant des plus savoureux. Il couvre toute la durée d’un jeu, jusqu’à sa fin et jusqu’au risque de punition qui suit inévitablement la plupart des aventures de Delphine et Marinette.
Les parents sont partis rendre visite à l’oncle Alfred sans les emmener car il pleut très fort. Elles ont l’interdiction absolue de faire entrer qui que ce soit. Pendant leur absence, les petites décident de jouer à l’arche de Noé et font entrer, dans la cuisine devenue arche, un couple de chaque espèce présente à la ferme. Les tractations auprès des animaux et leurs réactions en se retrouvant dans ce lieu inconnu (sauf le chat) qu’est la cuisine sont comiques. La péripétie principale vient de l’arrivée d’une petite poule qui insiste pour venir jouer et à qui on confie le rôle de l’éléphant. Pendant qu’elle se concentre sur son rôle, en étudiant une image représentant l’animal dans la chambre des parents, la traversée se poursuit, commentée par le capitaine et son second ; elle est mouvementée, les passagers sont bon public, frémissant et patientant, félicitant les pilotes. Une porte s’ouvre et un éléphant apparait, trop gros pour sortir de la pièce : c’est la petite poule qui a réussi à se transformer à force de concentration. Une fois le jeu fini, elle refuse d’en sortir : que se passera-t-il quand les parents reviendront et trouveront un éléphant dans leur chambre?
L’album est très beau, réalisé à l’ancienne avec un dos toilé, un beau papier fort et de charmantes gravures évoquant les livres illustrés du début du XXe siècle, faites sur bois gravé, avec des dominantes de jaune et de bleu un peu passés.

Sur le thème de l’arche de Noé, se souvenir du bel album d’Alain Serres : Les étonnants animaux que le fils de Noé a sauvés (Rue du monde, 2001).

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