Ni l’un ni l’autre

Ni l’un ni l’autre
Anne Herbauts

Casterman, 2020

… Et tout à la fois

Par Anne-Marie Mercier

Sous une apparente simplicité, avec beaucoup d’humour et de tendresse, Anne Herbauts offre un regard juste sur l’enfance, les discours qu’on lui adresse et les modèles qu’on lui présente.
Chaque double page est à la fois semblable et différente : le texte décline des caractéristiques associées au père et à la mère (« mon père est drôle, ma mère est grande », par exemple, ou « mon père est pressé, ma mère est partout », « mon père est précis, ma mère est solaire ») et la réponse de l’enfant, invariablement, « Moi, je ne suis ni l’un ni l’autre. Je suis moi ».
Si les adultes n’apparaissent que par fragments (un pied, un bout de robe, une main…) et par leur discours, l’enfant est représenté sous une forme animale qui correspond à l’image proposée par le discours des parents – toujours à l’impératif – : « Habille-toi, petit chat ! », « reste tranquille, moustique ! », « Mange bien -, mon poussin ! », etc.
Ainsi, de page en page, l’air de rien, et sous des habits de fantaisie, on retrouve  le rythme de la journée d’un tout petit (le bonjour, l’habillage, le repas ; ranger les jouets, sortir puis rentrer), les figures parentales, très différentes, parfois opposées, les chocs de couleurs, le règne de la métaphore et enfin le désir d’indépendance d’un enfant qui s’affirme face à un discours qui le morcelle et le cadre, et lui impose des modèles qui ont l’inconvénient (ou l’avantage) d’être multiples.
Les images sont à la fois dynamiques et solitaires, chaque page déclinant des vignettes colorées, le plus souvent sur fond blanc, aquarelles saturées, papiers collés ou tissus. La dominante colorée de chacune est différente, tons de jaune, de bleu, de rouge… toute une gamme.

 

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