Des Jumeaux à Versailles. Roi-Soleil, nous voilà !

Des Jumeaux à Versailles. Roi-Soleil, nous voilà !
Nathalie Somers
Didier jeunesse (Mon marque page +)

La Cour de Versailles version 2021

Par Anne-Marie Mercier

Deux jumeaux, fille et garçon, orphelins, appartenant à la noblesse de province désargentée, vivent heureux. Un maitre d’arme les entraine tous les deux, chose un peu curieuse. Un prêtre les instruit, une cuisinière les nourrit, les soigne, les câline. Un mystère dont ils ignorent même l’existence entoure la personnalité de leur père que le maitre d’armes a bien connu et dont il tient l’identité secrète : cette intrigue sera sans doute mise en réserve pour d’autres épisodes mais on devine déjà que la fameuse botte que le maitre d’armes doit leur transmettre la dénouera (comme la botte de Nevers dans le Bossu de Paul Féval).
Le garçon, Nicolas, est recruté comme chanteur à la Cour. Louise désespéré d’être séparée de lui se débrouille pour être embauchée comme joueuse de luth auprès d’une dame de sa province qui « monte » à Paris. À la Cour les attendent de multiples intrigues et dangers dont, on le devine, ils se sortiront avec humour, bonne humeur, solidarité et courage. Quant au Roi-Soleil, malgré le titre, il brille par son absence.
L’histoire tourne bien, avec un bon rythme. Mais ces jumeaux sentent à plein nez leur XXIe siècle, tant dans leur mentalité que dans leurs expressions. D’ailleurs, pour les dialogues comme pour la narration l’auteur semble n’avoir fait aucun travail sur le style ; c’est à peine écrit et souvent proche de l’oral. Est-ce pour aider les lecteurs ? À mon avis c’est excessif.
Louise est une héroïne charmante avec tous ses talents et Nicolas un frère très aimant. Sur la première de couverture, ils sont bien mignons, ces jumeaux aux joues rebondies et au petit nez retroussé. Ils ont une allure de personnages de manga avec leurs grands yeux ; ceux de la fille sont marqués par des cils épaissis au mascara, chose bizarre : il semblerait que les éditeurs aient souhaité que le marquage genré soit net sur la couverture, sans doute pour contrebalancer (ou mettre en valeur ?) le fait que le garçon porte un luth et la fille un fleuret ; cela se confirme avec la jolie robe portée par la fille, en contradiction totale avec le texte qui dit qu’elle pratique l’escrime avec des habits de garçon. De plus, cette jolie robe n’arrive que tard : comme dans tous les ouvrages qui évoquent le XVIIe siècle et se passent à la Cour, la question des vêtements et de la belle robe est un sujet qui semble inévitable, histoire de plaire aux jeunes lectrices, sans doute, mais c’est aussi une question cruciale à cette époque, encore plus qu’à la nôtre, que le marquage social par le vêtement.
Pour ceux qui aimeraient un style plus travaillé dans des romans historiques, rappelons l’existence de la belle série des aventures d’Eulalie de Potimarron de Anne-Sophie Silvestre.

 

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