Pomme gratitude

Pomme gratitude
Sarah Turoche-Dromery
Editions Thierry Magnier – Collection En voiture Simone 2023

Un mot pour un autre, des maux pour des biens

Par Michel Driol

D’un côté le grand père de Charlotte qui a été victime d’un AVC. Cet homme, autoritaire, inflexible, renfrogné, grognon, mélange les mots, de façon quasi incompréhensible. De l’autre, la mère de Charlotte qui doit participer à un séminaire. Au centre : Charlotte qui doit s’occuper de son grand père durant quelques jours. Rien de simple dans cette cohabitation forcée, jusqu’à ce que le grand père décide de retourner chez lui, en prenant le train… Charlotte et son amie Emma n’ont d’autre solution que de prendre le train suivant jusqu’à une improbable gare de campagne.

Sur un sujet qui pourrait être douloureux, les conséquences d’un AVC, les relations tendues entre un vieil homme et sa petite fille,  Sarah Turoche-Dromery propose un texte plein d’humour et de légèreté, façon de tout dédramatiser et de proposer un récit plein de vie et d’optimisme. Cela vient de la personnalité qu’elle donne à sa narratrice, vive, mais aussi en doute sur ses propres capacités (sociales, culinaires…), joueuse de foot, mais dotée d’un atout : elle comprend tout ce que dit son grand-père. Ensuite par l’enchainement des péripéties, avec ce train-movie et cette poursuite du grand-père en rase campagne. Ajoutons y la galerie colorée des personnages secondaires : Emma, l’amie de la narratrice, sa propre grand-mère, sourde, le vendeur de gaufres et glaces qui truffe ses propos de mots anglais, et, pour couronner le tout, une orthophoniste dont le nom lui-même est un défi à la prononciation : Yéléna Zlaschagrewziskyste.  Enfin, les propos déformés par l’AVC du grand-père deviennent d’une cocasserie irrésistible, où l’incongruité des mots employés contraste avec la syntaxe et le ton extrêmement châtiés ! Bien sûr, on l’aura compris, c’est un feel-good roman, avec un happy end qui verra le triomphe d’un double amour, celui de la mère pour sa fille, celui du grand-père pour sa petite fille. Avec, en filigrane, deux histoires secondaires, le grand-père de Charlotte qui se retrouve dans la même maison de repos que la grand-mère d’Emma, et Emma qui a fait la rencontre d’un fils de paysans durant la folle nuit ! Ajoutons que chaque chapitre se clôt par un encadré, commentaire sportif, footballistique, décalé du match en cours entre Charlotte et son grand père.

Un roman drôle, plein d’humour, mais aussi de tendresse : comment prendre soin de soi et des autres dans des situations complexes ? Une pomme historiographie ! conclurait le grand-père.

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