Entre deux rafales: Entre deux monologues

Entre deux rafales
Arnaud Tiercelin

Rouergue (DoAdo),  2010

Entre deux monologues 

                                                                                                         par Maryse Vuillermet

 Deux monologues alternent, celui d’Emma sur son lit d’hôpital qui a perdu la mémoire et celui d’Arthur qui erre aux alentours, parce qu’il est responsable de l’accident de scooter qui a blessé Emma.Les deux voix sont celles d’adolescents déchirés, l’une dans sa chair et sa mémoire, l’autre,  depuis toujours, par la maltraitance, l’abandon de ses parents, de ses familles d’accueil, la violence des foyers, et du regard des autres.

Emma, ayant tout oublié,  sent pourtant que quelqu’un l’aime, lui,  croit qu’elle va le rejeter, le haïr mais il ne cesse d’espérer pare qu’il n’a plus que ça, il est seul,recherché par la police et le foyer.Ce roman d’Arnaud Tiercelin, parle d’adolescents blessés, de parents muets, de mère alcoolique, de préjugés de classe, de colère autodestructrice, mails il parle aussi d’espoir, d’entraide entre jeunes, et d’humanité.

Le style et le dispositif d’écriture permettent bien des surprises, des rencontres et des rebondissements.  C’est un roman touchant qu’on n’oublie pas.

En secret

En secret
Arnaud Tiercelin
L’école des loisirs (médium), 2009

De soi à soi

par Anne-Marie Mercier

Le narrateur de En secret se met à écrire à treize ans, pour survivre, pour échapper aux voix qui le hantent, aux cauchemars. Il se confie à Cédric. Cédric n’apparaît jamais dans le récit de sa vie autrement qu’au passé et à travers des apostrophes répétées qui donnent au récit une allure obsessionnelle.
Incompréhension de la famille, des amis, échec amoureux, tout n’est qu’un long lamento porté par un personnage jeune et pourtant à bout de souffle. Les textes qui encadrent ce journal et montrent le narrateur adulte revenant sur les lieux de son passé et relisant son texte expliquent la situation.
S’il s’agissait d’imiter le style d’un ado qui s’épanche, le résultat est assez réussi. Il y a aussi, lorsque le narrateur adulte s’autorise une écriture plus dépouillée et plus maîtrisée (plus poétique ?) de très belles pages. Mais globalement on étouffe : on peut se demander si cette écriture du je qui souffre et ne voit que lui, ne parle que de lui et ressasse pourra séduire des lecteurs du même âge (et les autres).