La Malinche

La Malinche
Elise Fontenaille
Rouergue 2022

Oh, Maldición de Malinche, enfermedad del presente ¿Cuándo dejarás mi tierra cuando harás libre a mi gente?*

Par Michel Driol

L’histoire a retenu le nom d’Herman Cortez, qui conquit le Mexique. Elise Fontenaille choisit de raconter l’histoire d’une Indienne Nahua aux noms multiples, La Malinche, Doña Marina, la Malintzin. Traductrice, elle fut aussi bien plus que cela aux cotés de Cortez, à qui elle donna un fils, Martin. Sans elle, Cortez n’aurait jamais pu, sans doute, conquérir le Mexique. Pratiquement inconnue en France, elle est un véritable mythe au Mexique, mythe ambigu, car on la considère à la fois comme la fondatrice de la population mexicaine et celle qui l’a trahie. Elise Fontenaille entend réhabiliter cette figure féministe.

Pour cela, elle choisit comme narrateur un jeune Espagnol, le plus jeune membre de l’expédition de Cortez, amoureux transi de la Malinche. En quelques scènes, courtes, vivantes, il raconte les principaux épisodes de sa vie, retranscrit ses souvenirs d’enfance, et évoque son rôle de fidèle conseillère  fidèle auprès de Cortez. Elle adjoint à ce narrateur un compagnon, capable de dessiner et d’écrire un codex, à la façon des peuples d’Amérique du Sud. Ce roman historique, poétique, empreint d’une certaine mélancolie, nous projette il y a un demi-millénaire, à une époque et en un lieu particulièrement violents . Il donne vie aux coutumes aztèques (sans omettre le rôle des sacrifices humains en particulier), décrit leur organisation sociale, et n’occulte pas l’appât de l’or et les massacres commis par les Espagnols. Le récit se découpe en courts chapitres, qui sont comme autant de vignettes, d’éclairages sur un épisode particulier et donnent à voir une femme séduisante, diplomate, douée pour les langues, dotée aussi bien de qualités liées à l’intelligence qu’au cœur.  Une véritable héroïne, un véritable type de femme forte qui ne doit sa survie qu’à ses aptitudes, victime de nombreuses trahisons, aussi bien de sa propre famille que de Cortez, mais toujours digne et debout. Le roman se termine avec la disparition mystérieuse de la Malinche comme une ouverture vers l’univers du mythe, de la légende ou du conte.

Un roman historique dont l’écriture sensible réhabilite une figure peu connue en France, et en fait un personnage fascinant et iconique.

* Oh, Malédiction de Malinche,
maladie du présent
Quand quitteras-tu ma terre
quand libéreras-tu les miens ?

Dernier couplet d’une chanson d’Amparo Ochoa