Desolation road
Jérôme Noirez
Gulf stream Editeur, Courants noirs, 2011
Les routes ont toujours une fin
Par Maryse Vuillermet
Beau titre qui sonne comme un blues, couverture réussie, et histoire prenante. Une jeune fille June attend son exécution dans le couloir de la mort. Un journaliste en mal de scoop, Gayle Hudson, vient l’interroger et lui faire raconter son histoire. C’est donc un dialogue, une histoire à deux voix, celle du journaliste assez distante et celle de June, très émouvante, assez oralisée. Elle raconte son amour absolu pour David et comment elle a tué plusieurs fois pour rester avec lui, ne pas le perdre. C’est l’histoire d’une route semée de cadavres, de hold up de deux jeunes amateurs. David a d’abord tué son père violent et alcoolique; elle a fui sa tante et a tué un pompiste pour protéger son ami. Et ensuite, c’est l’escalade, ils enlèvent une petite fille pour un gros magnat de la prohibition mais sont piégés dans un village minier abandonné, en plein désert. Les gangsters se croyant trahis, viennent les y retrouver et c’est un bain de sang.
L’histoire est tragique car l’engrenage est très puissant, ils tuent à chaque fois par erreur, impréparation, pour se sortir de pièges et croient toujours qu’ils vont pouvoir fuir et vivre ensemble au bord de la mer. Leur amour est leur seule certitude et leur seule valeur.
Ils circulent dans l’Amérique de la grande crise en Ford T, ils côtoient les hobbos, les prédicateurs véreux, les familles qui ont perdu leur maison, les chômeurs, les noirs et des gangsters de la prohibition.
On pense à En un combat douteux de Steinbeck et le motif de la condamnation à mort est traité de façon originale car June souhaite mourir pour rejoindre David, déjà exécuté.