Allers-retours

Allers-retours
Nina Le Comte
CotCotCot éditions, 2020

Kafka après le rivage

Par Anne-Marie Mercier

« Le sentiment de la misère humaine est une condition de la justice et de l’amour ». Cette phrase de Simone Weil (la philosophe) donnée en exergue indique le propos de cette histoire sans parole, énigmatique : un personnage juste débarqué d’un bateau est extrait par une main invisible et se retrouve dans un lieu inconnu. Des escaliers, des portes nombreuses, mais murées, des couloirs longs et sombres, le sentiment de se perdre, de se noyer… et revenir à la case départ.
Ce parcours kafkaïen où règnent la solitude et l’absurde semble être une métaphore de l’exil. Il figurerait en tout cas bien le parcours de migrants qui avancent sans carte ni repères dans un monde inconnu plein de chausse-trappes. Le tragique de la situation est souligné par des formes géométriques imparfaites, des voies qui ne mènent nulle part, des perspectives aberrantes… et un retour à la case départ : enfermement total dans l’errance.