Maki Catta

Maki Catta
Laurence Coulombier
, Modeste Madoré
Océan jeunesse, 2011

Par Caroline Scandale

Comment adopter ses parents?

Maki Catta est un bel objet littéraire, distingué l’année dernière par le jury du salon insulaire d’Ouessant dans la catégorie jeunesse. L’ouvrage aborde habilement l‘adoption à travers les yeux de l’enfant adopté et de ses parents adoptifs. Il pose la question suivante: comment adopter ses nouveaux parents sans oublier, ni renier, ses parents génétiques? Transposer l’histoire dans le monde animal permet au jeune lecteur de s’identifier au petit lémurien tout en restant à distance de sa souffrance. De surcroit l’image ludique des singes est un astucieux moyen d’intéresser les enfants. La métaphore du feu est utilisée pour aborder la mort, la souffrance, la résurrection symbolique, l’apaisement par le flot d’amour…

L’histoire se passe sur l’île de Madagascar, au cœur de forêts luxuriantes, au milieu des primates. L’album débute par la mort tragique des parents de Maki Catta, dans un terrible incendie. Elle se poursuit par la fuite du petit singe poussé par ces derniers à courir et sauver sa peau sans jamais se retourner. Ce sacrifice ultime montre dans un premier temps l’amour infini des parents lémuriens pour leur petit. Puis dans un second temps on assiste à son adoption par un couple stérile, dans une nouvelle tribu de singes, les Sifakas. Avec une pudeur toute poétique l’auteure nous invite à partager l’émotion de la rencontre parents adoptifs/enfant et  la souffrance silencieuse de l’orphelin: « Ils l’avaient regardé. Ils s’étaient regardés. Ils l’avaient aimé, tout de suite, inconditionnellement. Maki Catta avait trouvé une seconde famille […] bien décidée à déverser sur lui des flots d’amour à étouffer les incendies de toutes les forets. Mais certains feux en apparence éteints nourrissent des braises qui n’en finissent pas de brûler… » Puis vient le temps des questionnements, des doutes, du sentiment de trahison vis à vis de ses défunts parents. Maki a-t-il le droit d’être à nouveau heureux? Toujours aussi subtilement l’album pose une autre question primordiale, celle d’aimer à nouveau, au risque de perdre encore une fois ce que l’on a de plus cher… Ou pas.

La prise de conscience de Maki Catta sur laquelle se termine l’album est une belle conclusion. On assiste à sa seconde naissance, celle du cœur. Portant fièrement ses origines il ressemble désormais, aussi, à ses nouveaux parents… « Il se reconnaissait en eux. Ils étaient son devenir. »

Pour résumer, Maki Catta est un album indispensable pour aborder le sujet de l’adoption à travers le double point de vue, adoptant/adopté. Ses illustrations colorées et foisonnantes rappellent sans cesse au lecteur que l’histoire se déroule au cœur de forêts malgaches à la biodiversité impressionnante.