Cette nuit-là

Cette nuit-là
Gaëtan Doremus
Rouergue, 2024

La vie secrète des doudous

Par Anne-Marie Mercier

«Ce jour-là Toinon avait bien joué avec Toudou». Cette phrase précède la page de titre, c’est un cadre de départ : toute l’histoire se passe «cette nuit-là», la nuit où Toinon a oublié Toudou dans le parc. Elle s’achèvera au lever du jour.
Le doudou resté seul part à la recherche de Toinon dans la nuit. Il fait plusieurs rencontres (un rat, un chat, des papillons) qui lui confirment qu’il n’est pas normal d’être seul. Même la jeune femme qui lit sur un banc a son livre, la vieille femme ses lettres et ses souvenirs, la boulangère sa radio… Il parcourt les rues, les toits, contemple le ciel encombré de grues et de fils de téléphone.
Pour finir, le doudou a un beau sens de l’orientation et Toinon ne sera pas seule à son réveil.
C’est une jolie exploration de la nuit urbaine, avec ses fausses (et vraies) solitudes, son étrangeté mauve et bleue. C’est aussi beaucoup moins terrifiant que La Plage dans la nuit d’Elena Ferrante qui présentait la même situation avec une poupée oubliée sur une plage. Enfants, rassurez-vous : si vous perdez votre doudou, il se débrouillera pour vous retrouver. S’il a l’air un peu plus neuf, c’est simplement que l’air nocturne l’aura rafraichi…

 

 

 

Nuit de chance

Nuit de chance
Sarah Cheveau
La Partie, 2023

Cent nuances de beige

Par Anne-Marie Mercier

Dès la couverture, la « couleur » est annoncée : fusain noir sur brouillards bistres, dégradés de bruns… et la première page nous fait entrer dans ce monde : « Un soir à la nuit tombée, je suis entrée dans la forêt. Et j’ai vu… »
Pages sans texte, présentant un décor de bois dans des tons de beige ou de fusain noir d’encre sur fond blanc, branches, futs… ou pages montrant un animal qui fuit, en plein mouvement, saisi sur fond blanc : un écureuil, un renard plus loin, une horde de cerfs, et enfin une rencontre, avec un sanglier. Attente, approche, magie pour finir avec le retour du texte : la chance d’un miracle.
La beauté de l’album n’est pas seulement dans son histoire, son rythme, ses traits épurés et ses couleurs aux cent nuances de beige, gris, noir mais aussi dans la révélation du secret de sa fabrication à la fin : la couleur a été posée avec des bâtons écorcés et brulés. Différentes essences ont donné différentes couleurs, presque cent, dont on a le nuancier à la fin avec les noms des arbres qui les ont fournis. Deux autres doubles pages sont consacrées aux feuilles des arbres, cette fois dessinées avec des fusains achetés, chacune avec son nom.

Ce bel album est une école de l’attention, attention à ce qu’il nous montre, à son rythme, à sa retenue, à l’émerveillement de la découverte, à la suspension du temps de la rencontre animale – un peu effrayante mais heureuse finalement. C’est aussi un éveil de l’attention à la diversité des arbres et à l’infinie variété des couleurs, des couleurs proches avec chacune leur vibration.

 

Fermez la porte !

Fermez la porte !
Koen Van Biesen
Traduit (néerlandais) par Catherine Tron-Mulder
Obriart, 2023

Allégorie de la lecture (œuvre ouverte)

Par Anne-Marie Mercier

Deux chiens sont assis à l’intérieur d’une brasserie, chacun sur une chaise, l’un tenant un journal (Niche-Matin), l’autre s’affairant derrière l’écran levé de ce qui ressemble à un Mac. Un courant d’air fait voler le rideau, puis entrer des feuilles, puis la pluie. Progressivement, l’espace est envahi d’intrus (certains venus d’un zoo), le chaos s’installe tandis que le plus grand des chiens hurle son agacement et cherche le coupable : qui a ouvert la porte, qui ?
Le petit chien lui donne la réponse en chuchotant. Il nous fixe, nous, lecteur : « toi ? »
« Tu entres sans te gêner et tu oublies de refermer la porte de ce livre ? … Cette histoire est terminée. Maintenant c’est FERMÉ. »
La surprise est évidemment grande, et le lien entre la matérialité du livre et la narration est décoiffante… comme ce courant d’air. Les dessins sont cocasses, le décor en perpétuelle révolution. Les titres du journal changent, comme la typographie et la disposition du texte rapportant les propos des personnages. Enfin, on a dans cette scène statique (les personnages ne bougent pas de leur chaise) beaucoup de vie et dans cet album beaucoup d’originalité.
Oui, hypocrite lecteur, la lecture est une bouffée d’air frais. Elle dérange parfois, et fait entrer tout un monde dans un petit espace.

Le Chemin

Le Chemin
Claude Ponti
L’école des loisirs, 2023

Un chemin peut en cacher deux autres : Claude Ponti sur les routes d l’expérimentation

Par Anne-Marie Mercier

« Un chemin ne s’arrête jamais ».
Claude Ponti excelle dans les histoires de chemins, les bons qui amènent à bon port, ou les mauvais qui font exprès de perdre les gens. Jusqu’ici ils n’étaient qu’un élément de ses albums. Dans ce grand leporello, le chemin est le personnage principal, celui qui porte la narration et les évènements, favorise la découverte d’êtres étonnants (un gobe-pluie, l’éléphant montagne, des poussins, Robert le robot rutilant…), le passage sur des ponts, les bifurcations… Ce leporello coloré impose un ordre que l’on peut s’amuser à interpréter.
Dans le beau coffret cartonné dans lequel il est présenté on trouve aussi un jeu de cartes proposant une reproduction de chacune de ses images au même format mais de façon détachée. Ceci offre au lecteur la possibilité de construire son propre chemin avec les mêmes étapes, que l’on choisira ou pas et que l’on placera dans l’ordre de son choix: c’est un exemple de lecture aléatoire (un peu comme des la série des livres dont vous êtes le héros, mais ici le lecteur est maître du jeu).
Sur un petit livret joint à l’ensemble, on peut lire un texte de Claude Ponti exprimant sa philosophie du chemin : ses définitions et ses qualités, variées et surtout variables.
Au dos du leporello, des dessins en noir et blanc poursuivant l’aventure du chemin alternent avec des faces blanches : le lecteur peut colorier l’existant et inventer la continuité entre les pages vides et les pages pleines.
Quel boulot, la lecture !
Tout cet ensemble apporte une pierre à la connaissance de l’univers de Claude Ponti, dans lequel la linéarité ne rime pas avec la régularité et où domine la variabilité. Pierre à l’édifice, ou caillou sur le chemin ? C’est comme on voudra.

L’Été de Vivaldi

L’Été de Vivaldi
Suzy Lee
Rue du monde, 2023

Illustrer la musique ?

Par Anne-Marie Mercier

Ce grand album de Suzy Lee est une jolie surprise. On y retrouve le talent de l’artiste et sa capacité à représenter la vie, le mouvement, le fugitif, (avec notamment La Vague). Mais il s’y ajoute un autre défi, parfaitement réussi, celui d’illustrer la musique. Les arts se répondent tous, certes, mais on voit davantage de passages du texte à l’image et vice-versa, ou du texte à la musique et retour, que de la musique vers l’image.
L’été, c’est à la fois le thème de l’album de Suzy Lee et le titre d’un fragment des Quatre saisons de Vivaldi, concerto que lui-même avait publié avec un sonnet; celui-ci évoquait la torpeur de pastoureaux, puis l’arrivée du vent. Suzy Lee a actualisé la scène ; ce ne sont plus des bergers mais des promeneurs qui sont surpris par la pluie. Le texte court qu’elle propose au début de chaque mouvement suggère plus qu’il ne décrit et crée une atmosphère. Ainsi elle évite l’écueil de la représentation de la musique comme un art d’imitation. De même, son dessin est figuratif sans être réaliste et emporte le regardeur avec des effets de rythme, de retours et de fluidité : il est également musical.
Un QR code permet d’écouter le concerto tout en parcourant l’album. C’est un délice et une expérience étonnante, accessible à tous et toutes, une belle introduction à la musique de Vivaldi.
L’album est découpé en trois mouvements, qui correspondent à ceux du concerto pour violons. Le premier mouvement (allegro non molto) s’ouvre sur une évocation de l’été (chaleur sècheresse, le vent se lève). Les musiciens, tracés à l’encre de chine devant un rideau de scène bleu, sont rassemblés. Puis le vert du paysage et le bleu du ciel font leur entrée, puis des personnages. On en comptera cinq qui reviendront de façon régulière, comme autant de danseurs, des adultes et des enfants accompagnés d’un chien; ils sont esquissés au fusain sur le fond blanc de la page et partiellement coloriés. La joie explose, jets d’eau et de couleurs, rires, galopades, auxquels succèdent des temps de pause heureuse.
Vient le deuxième mouvement (Adagio, presto), avec des pages bleues et noires de nuages d’orages ou des dessins de portées musicales sur fond blanc, griffées de traits de pluie ou parcourues par des petits personnages juste esquissés ; les deux mondes s’interpénètrent, l’eau a tout éclaboussé, jusqu’à l’arc en ciel.
le troisième mouvement (presto) est celui du vent violent. Le paysage est strié de hachures, les personnages courent, grelottent ; les parapluies volent, le ciel roule des flots de noir de chine et de gris. Les musiciens eux-mêmes semblent gagnés par cette atmosphère.  De superbes doubles pages proposent une plongée dans toutes les nuances de gris, de bleu, dans l’épaisseur de la matière, jusqu’au retour à la scène, au calme et au blanc. Les artistes et les personnages saluent.
Avec une couverture qui rapproche cet album du livre d’art, un beau et fort papier, une belle impression, des couleurs et des effets de texture étonnants, c’est un petit chef d’œuvre.

Voir des images sur le site de l’autrice

 

Une Toute Petite Seconde

Une Toute Petite Seconde
Rébecca Dautremer
Sarbacane, 2021

 

Des « Et si… » en écran géant

Par Anne-Marie Mercier

Après Les Riches Heures de Jacominus Gainsborough et Midi Pile, Rébecca Dautremer poursuit son exploration du temps. Ici, ce n’est pas le temps d’une vie comme dans le premier, ou le temps d’un événement, de sa préparation et de son attente, comme dans le second, mais, comme le dit le titre, la simultanéité de toute sorte d’évènements, de pensées, d’émotions, de paroles et d’actes, tous plus ou moins liés, qui se déroulent en « une toute petite seconde ». Ce moment a son poids de tragédie : c’est celui qui causera l’accident de Jacominus, son héros.
Le décor de cet accident (une chute dans un escalier) se déploie de l’escalier à la maison et à celles qui l’environnent, à la rue, à la campagne, au port, au ciel… Cet élargissement se fait dans l’image avec un très grand format (31 x 42 cm) qui abrite un leporello géant (2 mètres) et propose une fresque sur laquelle on voit en action de nombreux personnages, des animaux divers, humanisés et vêtus comme Jacominus dans un style charmant et démodé et évoluant dans un décor un peu kitch. Sur l’envers de cette fresque colorée, on retrouve les contours crayonnés du même paysage et des mêmes personnages, avec des chiffres qui renvoient à un livret intérieur donnant l’histoire de chacun des personnages. Il y en a cent…
C’est tout un monde, une centaine d’histoires, comiques ou tragiques, amoureuses, familiales, scolaires, farceuses, toute la vie donc. Mais le tour de force supplémentaire réside dans l’entrelacs de toutes ces histoires qui  conduisent de manière plus ou moins directe à l’accident de Jacominus : un effet domino mis en images, qui évoque toutes les pensées obsédantes que l’on connait après un accident, tous les « et si » qui auraient pu empêcher cet événement d’arriver (comme dans le récent livre de Brigitte Giraud, Vivre vite).
C’est magnifique, extrêmement riche, et plein d’humanité.

 

 

 

Les Facétieuses

Les Facétieuses
Clémentine Beauvais
Sarbacane, 2022

La facétieuse, l’éditeur et la fée

Par Anne-Marie Mercier

Quel est donc ce roman ? on serait tenté de répondre : une facétie. Clémentine Beauvais nous a fait une farce, ou bien son éditeur. Tout au long du roman on la voit tenter de répondre à une commande de celui-ci : il lui demande d’écrire un roman de fantasy alors qu’elle dit n’être à l’aise que dans le genre réaliste. Elle semble ici vouloir lui en donner une bonne preuve.
Le mot farce serait à prendre aussi dans son sens culinaire : c’est un mélange de différents ingrédients, tous dénaturés : faux roman historique, roman de fantasy, roman sentimental, conte moderne, parodie, auto-fiction… Aucun ne prend vraiment corps et le lecteur est véritablement baladé d’un genre à l’autre. Les derniers échanges de mels entre l’autrice et l’éditeur portent d’ailleurs sur l’impossibilité à se mettre d’accord sur la nature du livre, et donc sur le discours qui doit accompagner sa sortie.
Prenons l’auto-fiction : la convention veut que, quand on trouve un narrateur portant le nom de l’auteur et dont la vie correspond en gros à ce qu’on sait de lui, on a tendance à tout prendre pour à peu près véridique, on parle même de « pacte » autobiographique. On est ici d’abord surpris d’apprendre du nouveau… mais rien, semble-t-il, n’est vrai (enfin, si pas tout… alors quoi ?).
Le roman historique s’appuie sur des sources documentaires qui sont une vaste blague. Le conte et ses personnages des fées marraines (que curieusement on appelle « marraine la bonne fée ») s’introduisent dans l’histoire de France (l’héroïne cherche la marraine qui a laissé tomber le pauvre Louis XVII) comme dans la vie de Clémentine.
Le roman enquête est le plus réussi et les tentatives de la narratrice pour trouver des articles et des livres sur son sujet sont très drôles et offrent par moments une belle image du travail de chercheuse qui est le sien.
Enfin, au risque de spoiler, on aurait pu s’attendre à un autre genre, le college novel, Clémentine Beauvais intégrant in fine l’école de Fazencieux, où l’on forme les marraines la bonne fée, pour le devenir à son tour.  Mais non, ce sera peut-être pour la prochaine fois.

Feuilleter ici

 

Tempête

Tempête
Sandrine Bonini, Audrey Spiry
Sarbacane, 2015

Tempête dans l’album

Par Anne-Marie Mercier

Que d’ambitions dans cet album ! images superbes et décoiffantes, explosions de couleurs, scenario surréaliste, mêlant réalisme social et onirisme, quadruple et triple pages déployant des scènes fantastiques et superbes sur un réel trop sage… Autre aspects exceptionnels : le format est plus haut que la normale et les couleurs et les ombres sont si bien rendues qu’on se croirait devant un original…
Tout commence pourtant sagement avec une fête d’anniversaire, par un jour gris dans une banlieue pavillonnaire cossue, grise elle aussi : le narrateur, un adolescent, remâche son dégoût :
« les jours s’y succédaient, tristes et brumeux, comme si le cœur des habitants s’était retiré très loin dans leur poitrine. »
Il s’inquiète pour les enfants qui l’entourent « Avec leur façon d’exister si intensément, ils n’arrivaient pas à se faire à tout ce gris qui commençait à leur rentrer sous la peau. Moi, ça ne m’a jamais fait peur mais je me faisais du souci pour ma sœur Félicie, si petite et déjà transparente comme une eau gelée. »
La fête d’anniversaire, traditionnelle elle aussi (ballons, invitation des voisins et des voisins des voisins avec leurs enfants dans le jardin), est très chic (orchestre, discours, buffets avec serveurs, multitude de gâteaux spectaculaires).
Elle est progressivement troublée par un vent de plus en plus fort, qui fait fondre les gâteaux, dérange les coiffures, soulève les robes, fait enfin souffler un vent de folie : une femme en tailleur strict se retrouve vêtue en vamp, le père du héros chante un air d’opéra alors qu’il ouvrait la bouche pour protester contre le désordre, les vêtements se couvent de pois colorés, tout glisse, y compris la route et les bâtiments de la ville, tous et tout partent en tous sens, tout rit.
Les enfants, réfugiés à l’abri sur une colline, regardent de loin en attendant que cela se calme (quand la folie gagne les adultes, mieux vaut s’éloigner et ne rien en voir).
Et tout redevient normal, mais chacun se souvient… et le souvenir s’inscrit dans l’image du triste réel. Entre violence et poésie, déchainement et sagesse, réalisme et déformation du réel, cet album a tout pour étonner et marquer.
Il a reçu le Prix Chrétien de Troyes en 2015.

Sandrine Bonini a bien des talents: elle est l’auteure et l’illustratrice de la série de petits romans d’initiation scientifique Clarence Flute (Autrement jeunesse) et surtout du Grand tour (Thierry Magnier), un beau roman d’initiation, d’aventures, de voyages et de  fantasy, de l’album  Dans mon petit monde, dont Michel Driol, dans sa chronique, relevait la belle ambition, de Lotte fille pirate (chez Sarbacane, avec la même illustratrice), etc.
Elle a aussi illustré de nombreux ouvrages, notamment Ma Soeur est une brute épaisse (Grasset).

Les Histoires du soir de la famille souris

Les Histoires du soir de la famille souris
Kazuo Iwamura
l’école des loisirs, par Moulin rôti, 2021

Souris du soir

Par Anne-Marie Mercier

Une nouvelle maison, le petit déjeuner, la lessive, le pique-nique, le coucher : cinq histoires phares de la fameuse série de Kazuo Iwamura sont proposées dans la version de Moulin rôti, qui offre une version moderne de la lanterne magique, garantie sans danger d’incendie: c’est une mini lampe torche dans laquelle une rainure permet d’insérer des mini disques en plastique avec des images miniatures présentant les principales étapes de l’histoire.
Il me semble que cet objet est surtout utile pour ceux qui connaissent un peu l’histoire racontée, afin de pouvoir broder sur les images : c’est l’occasion de se replonger dans Les 4 Saisons de la famille souris.
On retrouve projetés au mur le charme des contes d’Iwamura, la délicatesse des couleurs et la caractérisation fine des personnages, la simplicité des histoires.

Appel à communication : Strenæ n°22, 2023: Seriality, literarity and popular culture in picturebook studies

International call for papers for Strenae, no 22 (scheduled for publication in 2023), adapted with the help of Sophie Heywood (Associate Professor in French, University of Reading) in collaboration with Dominique Perrin, from the call for papers « Critiquer l’album sériel. Vers un décloisonnement des corpus légitimes et populaires dans les études sur l’album »)

Deadline for proposals (between 2000 and 3000 characters, spaces and bibliography included) plus a short biography and bibliography : 17 April 2022 to be sent to strenae@revues.org

Deadline for submitting full articles (30,000 characters, spaces and notes included): 5 October 2022

Deadline for completion of any revisions required: 16 December 2022

Date of scheduled online publication: 15 February 2023

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