Je préfère qu’ils me croient mort

Je préfère qu’ils me croient mort
Ahmed Kelouaz
Rouergue (Doado Monde),  2011

 Rêves brisés

par Maryse Vuillermet 

Je préfère qu’ils me croient mort.jpgJ’ai été très touchée par ce court roman d’Ahmed Kelouaz. Il aborde avec force un problème mal connu, celui de centaines d’adolescents  africains qui quittent leur pays,  appâtés par des intermédiaires douteux ou escrocs qui leur font miroiter une carrière internationale dans les clubs européens. Ces jeunes jouent bien au foot dans leur ville ou village et rêvent de devenir des champions  comme Salif Keita ou Didier Drogba. Leurs parents se saignent pour  avancer l’argent du voyage,  espérant le récupérer un jour. Le jeune,   ainsi missionné par les siens,  a l’obligation de réussir.

Le récit est dit par Kounandi, jeune homme de Bamako.  Le jeune lecteur vit donc au plus près ses rêves, et surtout de ses déceptions successives et ses longs combats pour ne pas perdre courage et ne pas perdre non plus son âme. La langue utilisée est à la fois celle du récit oral d’un jeune mais aussi celle des griots,  pleine d’images d’Afrique, de noms puissants, de  poésie  et de rêves d’adolescents.  A sa suite, nous pénétrons dans le monde des immigrés clandestins, toujours misérables et cachés,  dans le monde sans pitié des tournois de football   et des clubs de province.

Emouvant, tragique, réaliste, voilà un roman pour les adolescents qui aiment le football bien-sûr mais bien au-delà, c’est aussi  un roman social sur l’immigration clandestine et encore un bon  roman qui dénonce juste.