Raymond la Taupe, détective

Raymond la Taupe, détective
Camilla Pintonato
Seuil Jeunesse 2021

Plus fort que Sherlock !

Par Michel Driol

Cuisinier de renom, Raymond la Taupe a envie de devenir détective. Et voilà qu’un premier cas se présente : Papy écureuil a disparu. Portrait-robot, recherche d’indices, suspects, le détective suit toutes les phases classiques de l’enquête, et résout le cas, un peu par hasard !

Bien sûr, l’album plein d’humour est à prendre au second degré. On s’en doute dès l’association improbable entre l’animal-héros, une taupe, et ce métier de détective. L’habit ne fait pas le moine, et il ne suffit pas de revêtir le costume de Sherlock Holmes pour égaler le maitre. Humour dans le texte, qui évoque aussi bien les ingrédients – tous plus répugnants les uns que les autres – de la soupe de punaises de lit. Humour surtout dans la relation entretenue par le texte et l’illustration. Tantôt celle-ci obéit au texte, et révèle le monde de Raymond, de son terrier, de son environnement, avec une précision géographique. Mais le plus souvent, elle en dit plus : qu’il s’agisse des lectures de polars de Raymond, de sa maladresse à dessiner un portrait-robot, de montrer les indices – ou les malfrats – qu’il ne voit pas. Le texte prend à partie le lecteur, comme s’il s’agissait d’un manuel pour devenir un bon détective privé en lui donnant les conseils de base – ceux précisément que Raymond ne suit pas dans son aveuglement. Ce polar animalier – qui évoque  par certains côtés les Canardo de Sokal – est tout à fait réjouissant : illustrations dans lesquelles chercher des traces de ce que l’enquêteur ne voit pas, traitement vivant évoquant la bande dessinée, multiples clins d’œil (dont celui à Romeo et Juliette).

Un album qui ne manquera pas de ravir les amateurs de second degré, de polar, et d’humour !