De l’arsenic pour le goûter
Robin Stevens
Flammarion jeunesse, 2017
Élémentaire, ma chère Watson
Par Christine Moulin
Si l’on veut initier les plus jeunes à la lecture des aventures de Sherlock Holmes ou des livres d’Agatha Christie, voilà une série de 6 ouvrages qui peut s’avérer précieuse. De l’arsenic pour le goûter en est le deuxième tome. Tout est délicieusement vintage et british : l’intrigue se situe dans les années 30, le décor est un vieux manoir, isolé comme il se doit, dans la tradition des Dix petits nègres, par une tempête. Le plan en est fourni dès les premières pages, donnant à l’ouvrage une allure de Cluedo. Les personnages, nombreux, sont volontairement stéréotypés et traités avec un humour postmoderne de bon aloi : « […] lorsque je l’ai vu, j’ai eu l’impression de me trouver face à un personnage de fiction. Cette impression était renforcée par le fait qu’il ressemblait beaucoup au héros d’un roman d’espionnage » (p.42). Les deux héroïnes rappellent le couple Sherlock/Watson: Daisy, l’enquêtrice, est autoritaire, légèrement odieuse et très sûre d’elle. La narratrice, qu’elle traite souvent avec une légère condescendance, s’avère souvent très perspicace… L’enquête est fondée sur le raisonnement et l’élimination progressive des suspects, matérialisée par le fac simile d’une liste qui figure au centre de l’ouvrage. L’intrigue abonde en retournements et en fausses identités mais il faut reconnaître que toutes les pistes trompeuses sont traitées et élucidées à la fin, selon les lois immuables (mais pas toujours respectées…) du genre.