Les Trois Mousquetaires
d’après Alexandre Dumas, dessins Ruskey,
Traduit (anglais) par Sébastien Ludmann
Nobi Nobi, 2014
Au galop des images
Par Anne-Marie Mercier
Que le nom d’Alexandre Dumas, apparaisse en couverture et que l’auteur des dessins, Russkey, ne soit mentionné qu’en petits caractères au dos, n’est pas la seule bizarrerie de ce volume. Signalons d’abord que Russkey n’existe pas mais désigne, lit-on sur le web, un duo d’illustrateurs, Takanori Aoyama et Masanobu Funato, lequel duo n’est pas très visible sur le net. Mais on se contentera du copyright indiquant que l’ouvrage a bien été publié en anglais au Japon en 2014.
Donc Les Trois Mousquetaires, adaptés en BD pour les japonais et retraduit pour les français… quel voyage ! Et le résultat est de fait très curieux : on retrouve la trame (simplifiée) de l’histoire, les personnages, mais ceux-ci sont traités de façon particulière : si d’Artagnan a l’air d’un héros de manga, avec ses cheveux en pétard, et si la reine a l’air d’une fille de 12 ans sortie d’un dessin animé, les autres sont traités de façon plus réaliste. Quant à l’action, elle montre que Manga et roman populaire ont des choses en commun si on ne prend pas le second trop au sérieux. Les bagarres y sont spectaculaires, presque magiques, les gestes appuyés au point d’en devenir comiques : on pense l’Etroit Mousquetaire de Max Linder (repris dans la scène finale de l’escalier du film de Tarantino, Django unchained), et la faiblesse psychologique des personnages n’est pas un problème. Il reste cependant, une différence majeure : le rapport au temps : le manga expédie rapidement (enfin quelques 200 pages tout de même) cette lecture qui était, dans le texte original, une longue immersion… Epoques différentes; le charme de cette histoire est de se plier à toutes les modes.