Le Crime parfait

Le Crime parfait
Frank Cottrell Boyce
Gallimard (Folio junior), 2010

L’humour anglais est-il soluble dans l’eau de pluie ?
Assurément, la réponse est non…

par Michel Driol

Voilà un roman très britannique se passant au pays de Galles, dans un village perdu au pied d’une montagne. Village tellement perdu que même le panneau l’indiquant sur l’autoroute n’a pas été replacé ! Village qui détient des records de pluviométrie… mais aussi le plus bas taux de délinquance. Mais aussi village frappé par la fuite de sa population…

Comment y vivre – ou y survivre ? Quand on y est le dernier garçon inscrit à l’école et que donc, on n’a plus personne avec qui jouer au foot ? Quand on y est persuadé que Donatello et Raphael ne sont que des noms de tortues Ninja ?

Les situations cocasses s’enchainent les unes aux autres, suite à quelques quiproquos entre un londonien cultivé, représentant la National Gallery, chargé de protéger les tableaux de cette institution dans une grotte en pleine montagne et Dylan.

L’humour est la politesse du désespoir : il faut survivre, à tout prix. Et si le lecteur perçoit le tragique de la situation (le village condamné, la famille en passe de se disloquer), le personnage-narrateur ne le comprend pas, et fait preuve de ressources pour tenter de sauver le garage familial (de l’achat d’un percolateur à l’invention de tartes et gâteaux aux noms dignes des restaurants de musées !). L’intrique nous embarque dans des situations cocasses, entre arnaques à l’assurance et vol de tableau, exploration de la montagne… Elle nous fait croiser des personnages hauts en couleur : Quentin le londonien d’apparence snob, Tom Demeuré , le roi des cambrioleurs maladroits, les sœurs Sellwood, dangers au volant, le boucher, qui refuse de vendre du foie, persuadé qu’il reste vivant…

C’est aussi un roman sur la nécessité de l’art, et la façon dont la rencontre avec l’art peut transformer le regard que l’on porte sur la vie. Suite à la découverte du tableau de Renoir,  les Parapluies, les écoliers de Manod – la ville la plus grise du Royaume Uni – se rendent munis d’un parapluie de couleur à l’école en une véritable procession colorée qu’on pourrait qualifier de performance. C’est aussi Tom qui entreprend de refaire toutes les vitrines.

Un roman émouvant et optimiste…

(à partir de 9 ans)

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