Un jour encore

Un jour encore
Cristiana Valentini, Philip Giordano
Traduit et adapté de l’italien par Corinne Giardi et Alain Serres
Rue du monde, 2009

Sur le chemin de Qui-sait-où

par Dominique Perrin

Un jour encore est présenté comme un « coup de cœur d’ailleurs » par les éditions Rue du monde. Cet album italien mérite en effet hommage et traduction. C’est, sur une quinzaine de doubles-pages aérées, au graphisme très tenu, un peu abstrait, en tous cas parlant, équilibré, un substantiel poème en prose et dessins, sur le thème assumé directement de la séparation et de l’éloignement entre géniteurs et progéniture. C’est plus précisément l’histoire d’un arbre et de l’une de ses graines qui ne s’est pas confiée au vent comme ses pareilles. Est-ce crainte ou affection, singularité, anormalité, maturité, immaturité ? L’un des enjeux du texte dont la veine poétique évoque un lacanisme-des-arbres est de souligner que, dans l’aventure ou la non-aventure relatée fortement en images (aimer, rester, ne pas sortir, ne pas quitter, redouter, laisser passer la vie au large), les partenaires sont deux, également impliqués et responsables : les paroles du grand arbre à la graine – trop petite pour se voir et se dire, dolente ou indolente ? – oscillent étrangement, à l’échelle de chaque page, entre cent postures affectives et réflexives, manifestant la difficulté du parent à trouver et transmettre un discours propre sur la nécessité de partir. Livre à lire et goûter donc bien certainement ensemble, jeunes lecteurs et adultes, et où chacun trouve à méditer.

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