Loin de la ville en flammes
Michael Morpurgo
Traduit (anglais) par Diane Menard
Gallimard jeunesse (hors série littérature), 2011
Adieux à Dresde (avec un éléphant)
Par Anne-Marie Mercier
Michael Morpurgo poursuit son exploration de la deuxième guerre mondiale en prenant cette fois le point de vue des civils et des vaincus : une famille de Dresde, la mère, la fille de 16 ans et le jeune garçon handicapé de 8 ans (le père est au front) fuit la ville bombardée… accompagnée, et c’est la touche de fantaisie de ce roman sombre, de Marlène, une jeune éléphante.
Presque tout le récit relate leur marche épuisante dans les bois, la faim, la peur et l’angoisse. En chemin, ils rencontrent un aviateur canadien et le sentiment de haine est suivi par l’entraide et même l’affection et l’amour, très progressivement. D’autres rencontres sont lumineuses : d’autres réfugiés, une vieille châtelaine, une chorale d’enfants… tous séduits par Marlène.
Cette histoire est celle de la narratrice, la jeune Lizzie. Agée, en maison de retraite, elle raconte cela à son infirmière et au fils de celle-ci qui a cru tout de suite à son histoire d’éléphant dans le jardin.
Et c’est bien la position du petit Karl que Morpurgo nous demande d’adopter, celle d’une suspension totale d’incrédulité, parfois difficile (un éléphant dans les neiges allemandes de février, on a un peu de mal…). C’est tout le paradoxe d’un conte de guerre cruel.