rouge chaperon petit Le
Marien Tillet, Marine Cros
Collectif des métiers de l’édition (CMDE), Dans le ventre de la baleine, 2012
Au commencement était la fin…
Par Anne-Marie Mercier
Commencer par la fin, quelle bonne idée lorsque le conte est déjà bien connu ! Cela a l’avantage de dramatiser encore chacune des étapes, de reprendre le fil à rebours pour frémir davantage. Et l’on frémit d’autant plus que le texte choisit la version la plus traditionnelle, avec la scène de cannibalisme, ici à peine suggérée, et que les images en encre de chine associent, au dessin à la plume et aux masses sombres, sur le blanc de la page, des rouges inquiétants.
Enfin, le graphisme est extrêmement intéressant. Loin de tout réalisme, il suggère plus qu’il ne montre un monstre-loup formé de feuilles que l’on peut interpréter de différentes façons et dont l’explication ne se révèle qu’en reprenant l’histoire à son début : elle tient dans les propos du chaperon rapportés à la première page (donc en conclusion à l’histoire, vous me suivez ?) : « Mamie ? Pourquoi, en automne, les feuilles elles tombent des arbres ? […] Mamie ? Pourquoi tu as de grandes dents ».
Le conte prend alors une signification nouvelle : la grand-mère et le loup ne sont qu’un seul et même danger qui guette l’enfance, celui du temps qui passe, de l’automne qui flétrit toutes choses. « L’hiver vient », comme on le répète dans une série à la mode aujourd’hui, formule qui résume toutes les catastrophes, mais aussi la catastrophe initiale qui touche tout être vivant : la fin est inscrite dès le commencement, tout le monde est mortel, même le chaperon petit… Mais souhaitons que ce soit seulement quand il sera grand !
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