Eben ou les yeux de la nuit
Elise Fontenaille-N’Diaye
Rouergue 2015,
Dénoncer le passé
Par Maryse Vuillermet
Un roman qui a la forme d’un récit autobiographique. Le narrateur, Eben, s’apprête à fêter la grande fête de son peuple, la nuit Rouge. Il habite en Namibie, à Lüderitz, au bord du plus grand et plus ancien désert du monde, le Kalahari. Son pays a été colonisé par les Allemands. Eben en sait quelque chose, lui qui a les yeux bleus, il a compris qu’il était descendant d’un viol, sûrement celui perpétré par le commandant Allemand Von Trotta, un militaire sanguinaire qui enfermait les femmes sur une île, les violait et les tuait. En fait, les Allemands ont expérimenté la Shoah en Afrique, ils menaient des expériences scientifiques sur les hommes noirs pour prouver leur infériorité. Quand il a compris qu’il avait du sang de génocidaire en lui, Eben a voulu s’arracher les yeux, il a failli en devenir fou mais il a été soigné à l’hôpital.
Aidé par son oncle Isaac, peintre, et homme plein de sagesse, il cherche à comprendre pourquoi toute trace du passé, des meurtres, massacres et viols commis par l’armée allemande ont été effacées par les Blancs, encore maîtres de son pays aujourd’hui.
La veille de la fête donc, il a soudain une idée qui concerne la grande statue du commandant allemand qui trône toujours au milieu de la place. Une façon de se venger du passé !
Elise Fontenaille a l’art, un peu comme Didier Daeninckx, de retrouver et de dénoncer sous forme romanesque, les crimes de l’Histoire, et en particulier ceux de la colonisation, et de l’extermination des peuples indiens d’Amérique et des peuples noirs d’Afrique.
merci maryse – byse – elyse