La dernière reine d’Ayiti

 La dernière reine d’Ayiti
Elise Fontenaille
Rouergue doado, 2016

 

 

 Un génocide raconté aux jeunes

Par Maryse Vuillermet

 

 

 

la dernière reine d'Ayiti Image Elise Fontenaille aime croiser l’Histoire et l’ethnologie, révéler des génocides et, en même temps, faire revivre la culture perdue d’un peuple. Elle l’a fait pour les indiens Haidas dans La cérémonie d’hiver ( Rouergue 2010) pour les Héréros dans Eben ou le yeux de la nuit ( Rouergue 2015).

Dans ce récit, elle nous raconte la disparition,  en une seule génération d’un million de Taïnos, le peuple d’Ayiti, actuelle Saint-Domingue et Haïti.

Par la voix de Guaracuya, âgé de quize ans, neveu de la reine Anacoana, on assiste à la vie pacifique et féconde de ce peuple sur une ile paradisiaque. Ils étaient riches d’or, de nourriture mais surtout d’une très belle culture faite de croyances religieuses, mythologiques et de connaissances approfondies de la faune et de la flore.

Mais,  un jour,  arrivent trois bateaux, ceux de Christophe Colomb en 1492.

Toutes ces richesses sont convoitées par les Blancs, qui reviennent en nombre et asservissent les autochtones pour les obliger à travailler et ramener de l’or, violent les femmes ou tuent les récalcitrants et le pis,  c’est que tout cela se fait au nom de leur Dieu catholique.

Le récit n’est pas que d’horreur car la grande sagesse de ce peuple est d’avoir compris qu’il fallait transmette toutes sec connaissances avant de disparaitre et s‘allier avec les esclave noirs fugitifs qui se sont réfugies avec eux dans les montagnes. Ils sont su aussi créer une nouvelle religion à partir de trois religions, la leur,  celle des Africains et celle des conquistadors.

C’est un très beau récit initiatique, et instructif sur les Caraïbes, qui, malgré les horreurs décrites, sait conserver un espoir chez les jeunes lecteurs.

La révolte d’Eva

la révolte d'eva La révolte d’Eva
Elise de Fontenaille
Rouergue, 2015

Sortir de l’enfer

Par  Maryse Vuillermet

 

  Récit à la première personne fait par Eva qui confie son calvaire.  Son père fasciste, alcoolique, raciste  et violent l’oblige à saluer le portrait d’Hitler, la frappe quotidiennement, et d’autant plus qu’elle  est la seule de ses quatre sœurs à lui résister.   Blonde, intelligente, sensible, Eva se réfugie le plus souvent dasn la forêt, leur maison,  comme celle de l’ogre étant  isolée à l’écart du village,  à l’orée d’un bois.  Là, au bord des étangs,  des rivières elle peut lire, être un instant  au calme.  Son père est si amateur de violence qu’il pratique la chasse, et le tir et qu’il les fait pratiquer à ses filles.  La mère soumise et apeurée ne fait que culpabiliser et craindre son mari.

 Eva ne peut se confier à personne ni à sa meilleure amie ni à ses enseignants. Son seul  confident  est Lechien, un chien sans nom, (dans cette famille, les chiens sont interchangeables),  qui, un jour, pour la défendre,  se dresse contre son maître. Alors,  le père le tue à coups de fusil et abandonne son cadavre en forêt. Eva grandit, son père la bat moins.

 Et puis, un jour, le père s’attaque à la petite sœur. Alors,  que va faire Eva ?

Le sujet est délicat, il pourrait être dérangeant, mais le récit est plutôt réussi. L’auteur a su nous rendre sensibles  à la honte, au silence  mêlés à la soif de vivre,  à  la pitié pour les plus faibles,  de son héroïne. Elle a su aussi faire progresser le récit dans l’horreur, coups puis  meurtre du chien, puis attaque de la petite sœur…

Eben ou les yeux de la nuit

Eben ou les yeux de la nuit
Elise Fontenaille-N’Diaye
Rouergue  2015,

 Dénoncer  le passé

Par Maryse Vuillermet

eben ou les yeux de la nuit Un roman qui a la forme d’un récit autobiographique. Le narrateur, Eben, s’apprête à fêter la grande fête de son peuple, la nuit Rouge. Il habite en Namibie, à Lüderitz, au bord du plus grand et plus ancien désert du monde, le Kalahari. Son pays a été colonisé par les Allemands. Eben en sait quelque chose, lui qui  a les yeux bleus,  il a compris qu’il était descendant d’un viol, sûrement celui perpétré par le commandant Allemand Von Trotta, un militaire sanguinaire qui enfermait les femmes sur une île, les violait et les tuait.  En fait, les Allemands ont expérimenté la Shoah en Afrique, ils menaient des expériences scientifiques sur les hommes noirs pour prouver leur infériorité. Quand il a compris qu’il avait du sang de génocidaire en lui, Eben a voulu s’arracher les yeux, il a failli en devenir fou mais il a été soigné à l’hôpital.

Aidé par son oncle Isaac, peintre, et homme  plein de sagesse, il cherche à comprendre pourquoi toute trace du passé, des meurtres, massacres  et viols commis  par l’armée allemande ont  été effacées par les Blancs, encore maîtres de son pays aujourd’hui.

La veille de la fête donc, il a soudain une idée qui concerne la grande statue du commandant allemand qui trône toujours au milieu de la place. Une façon de se venger du passé !

Elise Fontenaille a l’art, un peu comme  Didier Daeninckx,  de retrouver et  de dénoncer  sous forme romanesque, les crimes  de l’Histoire, et en particulier ceux de la colonisation,  et de l’extermination  des peuples indiens  d’Amérique  et des peuples noirs d’Afrique.

Les trois sœurs et le dictateur

Les trois sœurs et le dictateur
Elise de Fontenaille
Rouergue, 2014

Le courage des  femmes

Par  Maryse Vuillermet

 

 fontenaille_dictateurUne histoire simple et émouvante, rapide et sanglante et surtout vraie. Elise de Fontenaille sait faire revivre les événements passés. C’est une adolescente  californienne qui revient dans le pays natal de son père, Saint-Domingue, invitée par son beau cousin,  Antonio.  Et là,  elle apprend par sa grand-tante, dans sa maison entourée de fleurs, dans un récit  qui prend presque  deux jours,  l’histoire de sa grand-mère et de ses deux sœurs, histoire célèbre dans le pays mais que son père, traumatisé,  ne lui avait jamais racontée.

Ces trois sœurs belles, aimantes et courageuses  ont lutté contre le dictateur, Rafael  Trujillo, qui voulait violer l’aînée, la plus belle, comme il l’avait fait avec d’innombrables jeunes filles de son  pays et elles ont été battues à mort en 1960 toutes les trois par ses sbires.  Ce monstre,  amateur de jeunes vierges terrorisait sa population et il fallait un courage hors du commun pour s’opposer à lui.

 C’est le  jour de leur assassinat, le 25 novembre,  qui a été choisi pour célébrer la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.