Voici l’histoire

Voici l’histoire
Sara Donati
Rouergue, 2015

Graines d’amitié

 Par Clara Adrados

Voici l'histoire« Voici l’histoire… », ainsi commence cet album très poétique de Sara Donati, qui invite le lecteur à suivre le narrateur dans l’histoire de Fante, Hydromel, d’une graine de plante, et d’une théière incomplète.

C’est une histoire qui ne se dit pas… Le narrateur introduit les personnages, puis laisse parler l’image. Les motifs, couleurs, accessoires, participent pleinement à la narration. Le lecteur est celui qui recompose les séquences illustrées pour les faire parler. Ainsi, l’histoire commence avant la page de titre, avec l’apparition des petits pois rose sur fond blanc, tels qu’on les retrouvera sura théière d’Hydromel et le « chapeau » de Fante. La graine, premier personnage, entraîne le lecteur dans l’histoire. Les plantes tissent un fil entre les personnages, jusqu’à les amener à se rencontrer, elles sont le moteur de l’action. Les plantes symbolisent aussi l’acte de lecture, le fil narratif que le lecteur se doit de recréer.

Place est faite à l’imagination, donc. L’image raconte. Nous sommes face à deux solitudes, face à une théière incomplète : uniquement le chapeau d’un côté, et seulement le bol de l’autre. Arrêtons-nous un instant sur les prénoms donnés aux personnages : Fante et Hydromel. La première a un prénom, homonyme du mot « fente ». Une fente est un espace qui laisse entrevoir un ailleurs, une possibilité. C’est aussi une ouverture par laquelle on peut sortir. La seconde, Hydromel, a un prénom à consonance magique. L’hydromel est une boisson composée d’eau et de miel, boisson douce, sucrée, rassurante. Boisson venant de la forêt, où habite Hydromel. Ces prénoms donnent le ton à l’histoire, emmènent le lecteur dans un univers magique, poétique.

Fante s’ennuie chez elle. Une plante fait son apparition à travers sa fenêtre, elle décide de la suivre. La teinte grisée des images dessinées au crayon à papier vont de pair avec une ambiance, un peu triste, comme éteinte, qui se dégage de la ville et de la maison de Fante. Seule cette dernière, avec son chapeau blanc à petit pois rose détonne et lui donne un air fantaisiste, joyeux. La forêt apporte sa couleur, verte. Petit à petit on laisse le gris pour le vert, couleur apaisante, couleur de l’espoir. Une fleur rose surgit sur une double page : la graine a germée, l’amitié est née. Jusqu’à la maison d’Hydromel, d’où sort la plante. Le jeu des couleurs prend son importance ici, avec un jeu sur les ombres (celle de Fante dans l’encadrement de la porte et celle d’Hydromel), un jeu sur la présence de Fante dans l’univers d’Hydromel. Les couleurs se mêlent, les ombres ne font plus qu’une. Une présence amicale, tant espérée par Hydromel.

Le narrateur reprend la parole pour dire ce que le lecteur a déjà deviné : la naissance d’une longue amitié entre Fante et Hydromel … et la théière qui retrouve son chapeau.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *