Quand on n’a que l’amour

Quand on n’a que l’amour
Sabine Péglion et Bruno Doucey (Une anthologie établie par)
Éditions Bruno Doucey, 2015

Rien que la force d’aimer

Par François Quet

Avec la collection Poés’idéal, les éditions Bruno Doucey (https://www.editions-brunodoucey.com/collections/) proposent des anthologies thématiques « engagées » de « poèmes rassemblés autour d’un idéal », (Guerre à la guerre, Vive la liberté, etc.). Le livre est divisé en cinq sections pour évoquer l’absence de l’amour, sa naissance, sa plénitude, puis sa perte. La dernière partie fait passer de « l’horizon d’un homme à l’horizon de tous » (Paul Eluard) : « Aimer un être, c’est aimer à travers lui l’humanité toute entière » écrit B. Doucey dans la postface.

Chaque poème est suivi d’une brève biographie de l’auteur, et il est parfois accompagné d’un texte « en écho », le plus souvent en prose. Ainsi, un extrait de Sylvie (de Nerval) entre en résonance avec un poème de Pedro Salinas ; une adresse de Pierre Seghers à sa femme, Colette, « répond » à un poème de celle-ci ; une lettre de Diderot à Sophie Volland joue avec une chanson de Léo Ferré. Chaque partie est introduite par une double page où, sur un fond orangé, s’impriment en blanc ou en caractère gras, des vers isolés, phrases ou aphorismes qui précisent l’orientation donnée par le titre du chapitre : « Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis » (Victor Hugo). Ces citations condensent le propos en même temps qu’elles éveillent la curiosité du lecteur.

L’originalité de ce florilège tient essentiellement à la variété des textes proposés : Jacques Brel côtoie Elytis, Baudelaire et Gaston Miron. Autant dire que les voix de l’amour sont aussi bien celles de poètes classiques (de Marie de France à Aragon), que de chanteurs (Trenet, Brel, Ferré) ou d’auteurs considérés comme mineurs (Carco). La poésie francophone est très présente (citons au hasard Anthony Phelps qui est haïtien, le syrien Adonis ou la québécoise Denise Boucher) mais des poètes traduits du monde entier (Akhmatova, Darwich, Neruda… des poètes coréens, australiens ou arabes, ) sont convoqués dans ces pages (avec une petite préférence pour la poésie grecque contemporaine). Enfin si on remarque que plus d’un quart de ces textes sont écrits par des femmes, on notera aussi qu’une dizaine de ces poètes sont nés après 1960.

Saluons donc ce beau travail, saluons l’ouverture qu’il apporte à chaque lecteur, allons à la rencontre du verbe aimer qui se conjugue toujours de la même manière, quelle que soit la langue, le lieu, la personne ou le temps qui le fait chanter.

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