Des Lucioles

Des Lucioles
Georges Didi-Huberman, Amélie Jackowski
L’initiale, 2017

Lumières dans la nuit

Par Anne-Marie Mercier

Pour sa collection « Philo et citoyennté », les éditions de L’initiale ont visé haut avec cet album : chaque double page présente un fragment extrait de l’ouvrage de Georges Didi-Huberman,  Survivance des Lucioles (Minuit, 2009). La source est donc un essai écrit par un philosophe d’aujourd’hui. Il est aussi un peu poète dans la mesure où il travaille son style et séduit autant par cela que par la force de sa pensée, que ce soit sur les images (Devant l’image. Questions posées aux fins d’une histoire de l’art, Minuit, 1990 ; Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Minuit, 1992, Images malgré tout, Minuit, 2004, etc.) ou sur la société et les révolutions (exposition Soulèvement au Jeu de Paume à Paris entre 2016 et 2017).
Ces lucioles sont des lueurs fragiles dans la nuit : « Comme une luciole, l’image finit par disparaitre à notre vue et s’en va vers un lieu où elle sera, peut-être, aperçue par quelqu’un d’autre, ailleurs ». Elles sont la métaphore d’une humanité plongée dans la nuit, comme le souligne la quatrième de couverture , entre pessimisme et espoir :

« L’improbable et minuscule splendeur des lucioles ne métaphorise rien d’autre que l’humanité par excellence, l’humanité réduite à sa plus simple puissance de nous faire signe dans la nuit.
Dans la nuit ne cessent ni le regard ni le désir, capables d’y retrouver des lueurs inattendues. »

Le résumé proposé par l’éditeur est plus explicite : « Si nous approchons des temps de ténèbres, apprenons à chercher des lumières, fussent-elles aussi minuscules que les lucioles. Partageons-les et devenons des lucioles nous-mêmes, des porteurs de lumières à contre-courant, de paroles contraires, d’actes libres… Le peuple des lucioles c’est l’enfance du monde. L’enfance de l’art ».
Cet art enfantin est bien représenté par les illustrations d’Amélie Jackowski (on a bien aimé son Chut ! il ne faut pas réveiller les petits lapins qui dorment) qui présentent des personnages enfantins embarqués hors de leur chambre dans une nuit bien noire rendue étrange par la présence d’un enfant au masque d’oiseau (avec des allures de Jérôme Bosch ?) et d’un autre au visage lunaire (proche du Jean de la lune de Ungerer). Mais on remarque que partout un livre semble les accompagner.
La dernière phrase est un manifeste : « Et nous devons nous-mêmes devenir des lucioles, former une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre ». Comme cette troupe d’enfants qui avancent sans peur dans la nuit, dansent, jouent allument des lumières.
Enfin, pour philosopher avec les enfants, il y a les propositions que l’on trouve sur le site de l’éditeur, aisées à mettre en place, sous la forme de questions sur le texte et les images  :

 

 

 

2 réflexions sur « Des Lucioles »

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