Rêves d’une étincelle

Rêves d’une étincelle
Mélusine Thiry
HongFei 2022

Mon Dieu mon Dieu cela ne s’éteint pas

Par Michel Driol

Cet album est la réédition de Si je grandis (HongFei 2009), dans une mise en page remaniée. Ce texte subtil et poétique, permet à Mélusine Thiry d’évoquer à travers de nombreuses images, dans une forme simple, ce qui sépare et réunit l’enfance et l’âge adulte. Que garde-t-on de son enfance quand on est adulte ? Qu’est-ce qui est propre à l’enfance ? Ce sont ces questions, à la fois simples et complexes, que soulève cet album.

La langue sait être accessible à tous, et pourtant métaphorique. Autant le titre initial « Si je grandis » reprenait les incipits de plusieurs des quatrains qui composent l’album, le nouveau titre, « Rêves d’une étincelle » donne comme un avant-gout de la fin, où il est question de l’étincelle de vie qui perdurera, et ouvre au riche l’imaginaire du rêve et des espoirs. L’étincelle devient ainsi une belle métaphore de l’enfance, dans son jaillissement, sa brièveté, sa fulgurance, sa petitesse aussi.  Certes grandir c’est perdre : ne plus se cacher dans les fleurs, ou ne plus se reposer dans la main de la mère… Mais c’est conserver de l’enfance le gout des fleurs, qu’on fera pousser dans un jardin, ou avoir un enfant dans sa propre main. On passe ainsi d’un univers terrien et minuscule à un univers céleste et immense. La mise en page souligne ce contraste entre enfance et âge adulte, coupant souvent chaque proposition sur deux pages : l’enfance d’abord, l’âge adulte ensuite, laissant comme en suspens le devenir. D’autres pages, au contraire, associent enfance et âge adulte en un seul regard. Pour ce « je » qui s’exprime à toutes les pages, grandir est un avenir qui se semble se situer à mi chemin entre l’option (Si je grandis) et l’inéluctable (Lorsque je serai grande). L’autrice, qui travaille avec la lumière, propose des illustrations de toute beauté, dans lesquelles les couleurs et les ombres chinoises jouent un rôle fondamental. Elles utilisent en particulier le flou dans les ombres, qui donne une impression de mouvement et de vie, et subliment le contraste entre le minuscule et l’infini du ciel et des étoiles, comme autre lumière vers lesquelles s’envoler, à la manière de l’enfant-libellule de la dernière page. Les éléments naturels (animaux parfois, mais le plus souvent végétaux, fleurs, plantes, arbres) figurent sur toutes les pages, aussi souvent en ombres posées sur des textures colorées, façon d’inscrire cette permanence de la nature comme cadre de vie.

Un magnifique album poétique pour rêver et se projeter dans l’avenir, ou évoquer les plaisirs de l’enfance, comme une leçon de vie…

 

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