14-18. Une minute de silence à nos arrières-grands-pères courageux

14-18. Une minute de silence à nos arrières-grands-pères courageux
Thierry Dedieu
Seuil, 2024

La Guerre

Par Anne-Marie Mercier

En 2014, il y a 10 ans, Thierry Dedieu accomplissait la prouesse d’introduire de la nouveauté sur le sujet tout en disant les mêmes choses essentielles : cette guerre a été une souffrance inouïe pour plusieurs générations de français et de françaises. Elle aurait dû être la dernière, la der des der… et pourtant il faut sans cesse répéter aux jeunes générations ce qu’elle est : le fléau absolu, un gâchis.
Dix ans plus tard, le temps de la commémoration passé, nous voilà face à l’actualité. La nouvelle couverture qui a mis en surimpression les chiffres des dates sur l’image nous rappelle encore une fois que cette « grande guerre » s’inscrit dans une série.
Les mots ne suffisent pas et les leçons semblent parfois inaudibles : restent les images. L’auteur a choisi d’en produire des nouvelles avec des anciennes. Anciennes, elles imitent de vielles photos, aux tons sépia. Nouvelles, elles le sont par leur format exceptionnellement grand. S’étalant en double page, dans un format plus grand que la moyenne, elles sont d’une présence frappante. Images du front, de tranchées, explosions, attentes, assauts, mais aussi gros plans sur des animaux (un lièvre, un pou). Les portraits de gueules cassées contrastent avec la photo d’un jeune homme souriant (Gustave ?), posant en uniforme chez un photographe. Le réalisme est brisé ponctuellement par l’image d’un squelette en uniforme participant à une attaque, mais le reste est tellement cruel que cette rupture pourrait passer inaperçue.
Ce serait un album sans texte s’il n’y avait une lettre brève de Gustave à sa femme : « Hélas ma chère Adèle, il n’y a plus de mots pour décrire ce que je vis » en toute première page, et une longue lettre d’Adèle à la fin, pleine d’amour et de compassion. Gustave est-il revenu vivant ? Des indices dans l’album pourraient fournir une réponse.

J’ai chroniqué cet album il y a dix ans, une éternité tant j’en dis autre chose à présent.

 

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