Le ver vert

Le ver vert
Bruno Gibert
La Partie 2021

De Nevers à Versailles…

Par Michel Driol

Le héros, comme l’indique le titre et la couverture, c’est un ver vert. Un ver vert aux yeux vairon qui souhaite aller à Versailles rencontrer le roi. Emporté dans les sacoches d’un cavalier, le voilà en présence du roi soleil que, par mégarde, il nomme Vercingétorix… Mis illico sous les verrous, sa petite taille lui permet de s’enfuir et de se cacher dans l’herbe verte. Malheureusement pour lui, il finit dans le bec d’un pivert…

Prenant la forme d’un conte, ou d’une comptine, le texte est saturé du son ver. Cette contrainte oulipienne est soulignée par la typographie : les syllabes « ver » sont écrites en vert, bien sûr ! Ce procédé renforce le côté primesautier du récit qui joue avec l’absurde, la fantaisie et le non-sens, les mots en ver ajoutant souvent des détails saugrenus (la verrue sur le nez du garde par exemple). Pour autant, ce récit ne manque pas d’une certaine morale portée par ses personnages. Un ver minuscule qui oublie sa condition pour aller à la rencontre du roi, échappe à tant de dangers pour finir dans le bec d’un oiseau,  un monarque plein de vanité et d’outrance dans sa façon de poursuivre l’imprudent, un jardiner plein de sagesse qui refuse de tout détruire pour retrouver un ver…  Les illustrations font, bien évidemment, la part belle au vert dont elles sont saturées. Vert de l’herbe, vert de la poire ou des fruits… Elles se jouent aussi des clins d’œil, au portrait en majesté de Louis XIV fait écho celui du ver en couverture. On joue parfois à un « cherche et trouve » tant le ver est minuscule, mais reconnaissable à ses yeux vairons…

Plaisir du jeu avec les mots, plaisirs des sonorités, plaisir aussi de rire aux dépends d’un ver pas très malin…

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