Berceuse du merle

Berceuse du merle
Anne Brouillard
Editions du Seuil, 2011

Lorsque l’enfant paraît…

Par Christine Moulin

Cet album est une berceuse, en images. Mais quelles images! celles d’Anne Brouillard qui nous offre de merveilleux tableaux s’étalant sur de généreuses doubles pages, à fond perdu. Les couleurs sont chaudes, vibrantes: Anne Brouillard n’a pas son pareil pour, en quelque sorte, « peindre le temps ». Elle a su ici capter la lumière de l’été commençant, à l’unisson de la vie qui gazouille dans le berceau. La première partie opère un zoom vers l’oiseau qui donne son titre à l’album. Une fois que le lecteur l’a découvert, au milieu des feuilles, il assiste, guidé par le merle envolé, à un mouvement de « dézoom » qui permet à la fragilité de l’intime de s’élancer vers l’extérieur, vers l’avenir: en l’espèce, les jeux d’enfants plus âgés, la ville, un chat… Mais très vite, on revient vers la maison, le foyer: tout s’apaise et en même temps, s’anime car bébé est réveillé. Le chat, seule présence à peine menaçante, n’apparaît plus qu’en photo, dans un cadre, sur le buffet ; les enfants font signe à l’enfant, qui, bien à l’abri dans les bras de sa mère, y puise la force et la sérénité pour s’ouvrir au monde et le saluer.

Berceuses et comptines pour s’endormir

Berceuses et comptines pour s’endormir
illustrées par Hervé Le Goff

Père Castor, 2011

Inégales berceuses

par Sophie Genin

 9782081247703.gifCe livre CD est inégal. En effet, c’est une riche idée de remettre au goût du jour des chansons et comptines traditionnelles françaises (« Fais dodo, Colas mon p’tit frère, Frère Jacques » ou « Au clair de la lune » et d’autres moins connues telles que » La Cloche du vieux manoir » et « Fais dodo, le petit Pierrot ») et de faire découvrir aux très jeunes auditeurs des berceuses d’ailleurs, telles que « Chut Petit enfant » « Hush little baby », des Appalaches, Etats-Unis ; « Dodo, ti pitit maman », des Grandes Antilles ; « Dors mon petit gars », d’Allemagne ; la Berceuse de Brahms, « Guten Abend, Gute Nacht » et celle de Mozart, d’Autriche ; « Maman mi aller chercher l’eau », de Louisiane ; « Ce petit garçon a sommeil », d’Espagne,  « Duerme, duerme Négrito », de Cuba, et « Dobrou Noc », de Tchéquie, chantées dans la langue d’origine puis en français et, enfin, « Ani couni », berceuse amérindienne célèbre dans les maternelles. On découvre même une berceuse corse.

 Mais si les voix des chanteuses et chanteurs adultes sont évocatrices de différents horizons musicaux et vocaux, l’idée des voix d’enfants, bonne au départ, n’est pas judicieuse : ils chantent faux ! Et si c’est pour montrer que chanter est un métier et rendre les berceuses plus accessibles, c’est raté car certaines sont à la limite de l’acceptable ! Dommage pour cette erreur de casting qui aurait pu paraître touchante mais qui nuit à l’ensemble, par ailleurs mis en valeur par des illustrations pleine page relativement classiques mais parfois amusantes ou surprenantes !