Casseurs de solitude
Hélène Vigal
Rouergue 2014,
Neuf histoires d’adolescents « qui ne lâchent rien »
Par Maryse Vuillermet
Ce recueil présente neuf nouvelles où des adolescents d’aujourd’hui, contrairement aux préjugés qui les décrivent gâtés, insouciants et occupés uniquement de nouvelles technologiques, affrontent des problèmes ou des situations très cruelles, licenciement d’une mère qui a tout donné à son travail au point d’oublier son fils, menace d’excision par sa propre mère, excision qui a déjà tué une grande sœur, fugue avec son père, grand malade psychiatrique, comingout puis départ d’un autre père avec son ami homosexuel Beaucoup de ces jeunes se réfugient avec l’énergie du désespoir dans un monde qui les console, la littérature et le travail scolaire pour Adra, le cheval pour Margaux, la pâtisserie pour Marie et ne se plaignent pas. Personne autour d’eux ne pourrait soupçonner ces drames. L‘originalité du recueil vient des relations qui se tissent entre les personnages de chaque récit. La gamine folle de son cheval, qui vit quasiment avec lui est la fille du patron voyou qui a licencié la mère de Lucien, les gros chiens qui bavent dans la voiture seront justement empoisonnés par la mort aux rats administrée par Lucien pour venger sa mère, le beau gosse qui séduit si facilement Fanny, l’amie d’Adra, pour diffuser leurs ébats sur les réseaux sociaux et s’en glorifier, est son frère, le principal du collège Monsieur Séraphin qui fait peur à Adra est l’homme qui va la recueillir, elle, son petit frère et la seconde épouse de son père sans papiers, le garçon qui trouve une lettre de dénonciation du principal et qui la détruit est un collégien du même collège, stagiaire à la préfecture.
Ces jeunes ne sont donc pas passifs, ils se battent, s’entraident, se vengent, trouvent des solutions originales, « ne lâchent rien ». Et les adultes ne sont pas tous aveugles, le palefrenier anonyme et un peu débile qui rachète avec son propre argent le cheval de Margaux pour qu’elle continue à le voir en cachette, le principal qui recueille Adra et une partie de sa famille, avaient vu et compris les drames qui se jouaient.