La Renaissance. L’avenir de Molly

La Renaissance. L’avenir de Molly
Gemma Malley
Hélium, 2021

Un vaccin pour les vieux, la mort pour les jeunes

Par Anne-Marie Mercier

Suite et fin de la trilogie initiée par La Déclaration. L’histoire d’Anna (2018), ce troisième volet voit la victoire des forces de la jeune résistance et la survie d’Anna et de ses amis. La jeune fille et son ami Peter, sont devenus des adultes et ont eu une petite fille, Molly, dont l’avenir est au cœur des inquiétudes : survivra-t-elle, avec ses parents ? dans quel monde vivra-t-elle, alors que la société qui la voit naitre est peuplée de vieux, quasi immortels, qui ont déclaré la guerre à tous les enfants ?
C’est aussi dans ce volume qu’est raconté le début de toute cette histoire : la découverte du procédé qui permet d’assurer la longévité à tous ceux qui prendront le médicament miracle.
Savant assassin et mégalomane, société pharmaceutique super puissante en lien avec les pouvoirs civils et militaires, épidémie mondiale qui risque de décimer la planète, ce livre croise bien des mythes et angoisses de notre époque. S’il n’a pas l’originalité du premier tome qui nous faisait découvrir cette étrange société et de jeunes héros liés entre eux de manière mystérieuse, il a davantage de profondeur psychologique et montre de belles figures de résistance jusqu’au-boutistes, des  révélations et des métamorphoses.

 

 

La Déclaration. L’histoire d’Anna

La Déclaration. L’histoire d’Anna

La Déclaration. L’histoire d’Anna
Gemma Malley
Traduit (anglais) par Nathalie Peronny
Helium, 2018

Adolescente-Servante : l’immortalité sans partage

Par Anne-Marie Mercier

Si la question de l’allongement de la vie, voire de l’immortalité, est au cœur de nombreuses fictions de littérature générale, (Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro, La Possibilité d’une île de Houellebecq, Notre Vie dans les forêts de Marie Darrieussecq…), la littérature pour enfants suit la même vogue (Judith et Bizarre, par exemple) aussi bien que celle adressée aux adolescents; c’est le cas de ce roman, premier volume d’une trilogie.
Dans cette dystopie, des enfants et jeunes adolescents sont enfermés et éduqués dans un pensionnat extrêmement strict et rude dans lequel on leur apprend qu’ils sont des « surplus » qui n’auraient pas dû naître. Ils sont destinés à servir les autres, les adultes immortels qui ont renoncé à avoir des enfants pour maintenir la population humaine en équilibre.
Anna est une « surplus » modèle, fidèle exécutante d’une directrice tortionnaire qu’elle révère, désireuse d’être exemplaire, parfaite servante de cet ordre. Un jour, arrive un garçon qui lui dit qu’elle a des parents qui l’aiment et qui l’attendent, « dehors ». Ils ont rejoint la résistance qui cherche à renverser cette société.
Au-delà du suspens, très présent, et des multiples rebondissements du roman, c’est le personnage d’Anna qui est le plus intéressant : sa soumission à un ordre qui l’écrase et l’humilie, ses refus de considérer l’étranger comme un ami possible, ou ses parents comme des êtres qu’elle pourrait comprendre et non haïr font d’elle une héroïne complexe et riche. Les personnages secondaires sont eux-aussi originaux.
Enfin, que ce roman d’anticipation ait recours aux vieilles ficelles du roman populaire du dix-neuvième siècle pour mener son intrigue, au mépris de toute illusion de vraisemblance – même futuriste – n’est pas le moindre de ses paradoxes.