Les petits nuages noirs
Ingrid Chabbert, Stéphanie Marchal (ill.)
Le Diplodocus, 2016
Que de nuages !
Par Christine Moulin
Les prescriptions des programmes de l’Education Nationale, recommandant l’étude des émotions sont-elles complètement étrangères au grand succès actuel des nuages dans les albums pour enfants : impossible de le déterminer… Voici donc un nouvel album sur ce thème. Les nuages sont ici des « gribouillis » noirs qui flottent au-dessus de la tête de deux enfants, Adam et Nour qui, même s’ils ne se parlent pas, « se ressemblent sans se ressembler », faisant figure de héros bicéphale, peut-être pour mieux favoriser l’identification des filles comme des garçons. On l’apprend très vite, « les petits nuages noirs, […] ça apporte souvent des pensées un peu tristes et des moues toutes de travers ». Ces nuages finissent par provoquer un orage qui assombrit la cour de l’école: Nour commence alors à le dissiper en soufflant. Bientôt, un camarade vient l’aider, puis toute la classe: Adam se joint au groupe. Tout se termine bien: « C’est la fête, c’est la fête ».
On peut apprécier le fait que ce soit la fille qui, énervée, ait l’énergie de chasser les nuages la première, on peut saluer l’idée que ce soit la solidarité qui vienne à bout de la tristesse des deux héros. Les illustrations sont fines, mignonnes et permettent de décrypter les émotions grâce à l’exactitude du trait. Mais tout est un peu simple et rapide : dès la première tentative, la mélancolie capitule… Et surtout, tout est explicite, très vite, trop vite : la portée symbolique du nuage est du coup, assez réduite. De symbole, il devient signe. Cela dit, l’album, optimiste, permet sûrement, malgré tout, de mettre des mots sur un malaise persistant.