Le Jardin d’Abdul Gasazi

Le Jardin d’Abdul Gasazi
Chris Van Allsburg
Traduit (anglais) par Christiane Duchesne
D’Eux, 2016

Retour au Jardin d’Abdul

Par Anne-Marie Mercier

Premier ouvrage de Chris Van Allsburg, superbe auteur-illustrateur, l’un des meilleurs de la fin du XXe siècle, Le Jardin d’Abdul Gasazi a obtenu la médaille Caldecott d’honneur en 1980. C’était une première étape vers la reconnaissance qui suivit, avec la médaille Caldecott pour deux autres albums, Jumanji (1981) et Boreal express (1986). Mais presque tous ses albums auraient mérité des prix, tant ils sont originaux et beaux.

On retrouve dans cette première œuvre un travail du noir et blanc très particulier, proche de celui de Jumanji, des Mystères de Harris Burdick, de Zathura, etc. Le fantastique, plus encore que dans ses autres albums, est discret : le lecteur, se fiant à la couverture, s’attend à quelque chose de plus spectaculaire et son attente sera trompée, quoique… L’incertitude qui plane sur la réalité de la magie est prégnante. L’errance du jeune héros parti à la poursuite d’un chien, dans ce jardin mystérieux dont l’entrée est justement interdite aux chiens, est nimbée de mystère et pleine de suspens : le propriétaire, Abdul Gasazi, a inscrit sur sa porte, avec son nom, la mention « magicien à la retraite », et cette inscription joue pour le jeune Alan le rôle que la couverture a joué pour le lecteur. Quant à la chute, nul ne peut avoir la certitude qu’elle exclut ou non l’étrangeté. Comme dans L’Épave du zéphyr ou dans Boréal Express un indice, dans la dernière page laisse l’élucidation en suspens.
Feuilleter sur le site de l’éditeur.

C’est un beau cadeau que nous offrent les éditions D’Eux, basées au Canada : cet album, publié en 1982 par L’école des loisirs était épuisé. Il nous revient dans une belle édition, avec des lettres dorées sur la couverture et un ruban, de même couleur, qui permet de refermer ces mystères.