Gravenstein

Gravenstein
Øyvind Torseter

La joie de lire, 2011
Traduction (norvégien) par Jean-Baptiste Coursaud

Des pommes, de la maraude et de l’humanité comme aventure

Par Dominique Perrin

graven9080922_1_m.jpgEn une soixantaine de doubles pages composant un bref prologue et deux « chapitres », Gravenstein installe ses personnages –  un « bébé Elephantman », une toute jeune fille au costume de féline et son père au costume passe-partout – dans un monde aux accents curieusement réalistes. Comme dans Détours (La joie de lire, 2010) mais cette fois dans un petit format agréable à manier, le lecteur est invité à transiter d’une ville moderne vers une campagne parsemée de bâtiments à demi écroulés ou bâtis. Mais la « nature » est ici hantée de hauts filets grillagés en plus ou moins bon état de marche, et la société représentée obsédée par les pommes jaunes « gravenstein ».
Comme dans Détours, consentir au parcours narratif parfaitement original et essentiellement visuel proposé par Torseter donne généreusement à méditer, sur les rapports entre fond et forme, et sur ce monde où les pommes vendues à prix d’or en ville sont ailleurs bonnes à lapider ceux qui les maraudent, où les vaches s’avèrent aussi peu considérées que les originaux qui s’intéressent à elles – mais où coulent  aussi avec assurance les rivières de l’aventure.