Le Portrait du lapin
Emmanuel Trédez, Delphine Jacquot
Didier Jeunesse, 2020
Du l’art ou du cochon?
Par Anne-Marie Mercier
La couverture fait entrevoir bien des merveilles : un lapin qui sort d’un beau cadre ovale, endimanché comme celui d’Alice, entouré de portraits d’animaux, tous très élégants, à l’exception d’un renard au vêtement tâché de couleurs dont on devine qu’il est peintre, et d’un paon qui sort un peu du lot, on comprendra vite qu’il est davantage un symbole (celui de la vanité) qu’un personnage.
En effet, l’histoire narrée est une réécriture d’un conte de Grimm, « Les Habits neufs du grand-duc ». Un noble et riche lapin veut envoyer son portrait à la belle qu’il courtise et, suivant le conseil de son ami Cochon, engage Renard, artiste à la mode. Celui-ci, fameux pour ses monochromes, l’engage à poser nu et remet un tableau tout blanc qui fait l’admiration de tous les amis du lapin, lequel se croit obliger de voir quelque chose là où il n’y a rien.
L’argument est un peu tordu ; d’abord l’idée du nu est peu crédible et n’est pas du meilleur goût, d’autant plus que les costumes victoriens des personnages ne correspondent pas à cette pente, et est une fausse piste par rapport au conte de départ. On peut être aussi gêné que l’accusation de supercherie semble s’adresser à l’art contemporain dans son ensemble et mettre les fameux monochromes au rang de blagues. Mais l’absurdité générale finit par gagner : toute cette hsitoire n’est une vaste blague.
Les images de Delphine Jacquot sont un régal et proposent une mini histoire de l’art, avec des images qui représentent de « vrais » tableaux (enfin des copies sommaires) et d’autres des scènes dignes d’Alice au pays de merveilles.