Dark Glory

Dark Glory
Thibault Vermot
Sarbacane, X’, 2024

Conte de Grimm à Hollywood, ou « quand la peur sort des livres »

Par Anne-Marie Mercier

Thibault Vermot avait montré dans un roman précédent (La Route froide) qu’il était très fort pour fabriquer des scènes inquiétantes avec pour décor l’Ouest ou le Nord sauvage. Ici, il en fait à nouveau la démonstration de manière originale. C’est tout d’abord un récit enchâssé dans une histoire a priori banale : en 1949, à Durango, un groupe d’adolescents de douze ans se retrouve tous les dimanches dans leur « cabane ». Il y a le raconteur, Michael, son petit frère de 6 ans Calvin, George, Don, Durham et Suzy, seule fille de la bande. Et puis il y a un volume des contes de Grimm qui semble traîner là par hasard :  George l’a emprunté à la bibliothèque ; on comprendra plus tard que c’est important car ce volume revient à plusieurs reprises. Michael raconte une histoire de chercheurs d’or devenus anthropophages à faire dresser les cheveux sur la tête.
Au chapitre suivant, on est en 1955, Suzy est partie faire des études à Denver, Don a eu un enfant, George est policier et Michael qui rêve de devenir scénariste part pour Hollywood. L’histoire suit son cours et on pense être confortablement installé dans un récit de formation qui au passage nous ferait découvrir les « métiers du cinéma ». Michael devient coursier puis à force de ténacité et de culot devient l’ami d’une actrice, puis scénariste à l’essai. Il y a une scène « explicite » dont Michael ne sait pas s’il l’a rêvée après un quasi coma éthylique – très improbable : on se demande si la présence de scènes de ce type ne fait pas partie maintenant du cahier des charges de la collection, ce qui serait assez drôle : Anastasie [nom de la censure], faut pas énerver les éditeurs !
J’abrège : le scenario est plein de rebondissements, de scènes tragi-comiques, de poursuites et de suspense. L’alternance avec le récit de Michael hanté par l’anthropophagie se poursuit, faisant monter l’inquiétude. Elle est remplacée par des chapitres qui montrent George, enquêtant sur la disparition d’une enfant de huit ans, retrouvant son vélo, sa robe jaune et un livre de contes qu’elle avait emprunté à la bibliothèque, le même volume qu’au premier chapitre. Ceci rappelle à George et aux habitants un cas non élucidé : l’enlèvement d’un enfant, cinq ans plus tôt au même endroit (j’essaie de ne pas trop divulgâcher mais je vais en dire sans doute un peu trop…).
D’autres chapitres mettent en scène le petit garçon qui a échappé au monstre de justesse après des horreurs dont il ne se souvient pas, mais boiteux et avec un doigt en moins. Depuis, il ne dort plus et la figure du monstre mangeur d’enfants plane sur la ville, le temps de 1949 et de l’enfance insouciante est loin, un temps « ou la peur n’était pas encore sortie des livres ». On voit cet enfant qui tente de conjurer sa peur entrer dans la bibliothèque. Il y est attiré par une musique : quelqu’un joue au piano, au sous-sol (il n’y a jamais eu de piano à la bibliothèque lui confirme la bibliothécaire, un peu inquiète) une musique qu’il n’identifiera que plus tard : les Kindertotenlieder (chants pour les enfants morts)…  George enquête avec l’aide de Suzy, Michael, alerté par sa mère affolée est route pour Durango, avec son nouvel ami coursier, tandis qu’un enfant semble bien être en train de se jeter dans la gueule du loup.
Comme un bon feuilletoniste, Thibault Vermot nous laisse au milieu du gué. C’est risqué de sa part : les fils sont si multiples que le lecteur pourrait bien se perdre au deuxième volume après avoir oublié ceux du premier. Mais cette incursion dans le monde du cinéma est drôle et dynamique et son autre versant, l’univers des contes plein de mangeurs d’enfants entrelacé avec le plus noir de la réalité, est particulièrement intéressant. Le rappel des raisons de la fureur d’Alma Mahler au moment où son mari composait cette œuvre, également. Quand George, qui est devenu policier à cause d’une histoire entendue quand il était enfant, retrouve le livre perdu par la fillette, celui-ci s’ouvre par hasard sur le conte de « La Sage Elsie » : « l’histoire ressemblait vraiment à ce qui était en train de se passer. Est-ce que le réel engendre les histoires ? Est-ce que les histoires sont capables d’engendrer une sorte de réel ? » (À suivre !)

L’Oiseau-Merveille et le Maître sorcier

L’Oiseau-Merveille et le Maître sorcier
Maria Diaz et Seng Soun Ratanavanh
La Martinière jeunesse, 2023

Au-delà du conte

Par Loick Blanc

Dans cet album magnifiquement illustré, orné de dorures et aux allures de grimoire de sorcier, Maria Diaz réinterprète le conte de l’Oiseau d’Ourdi des frères Grimm.
Très complémentaires, les illustrations de Seng Soun Ratanavanh plongent le lecteur dans une esthétique sombre qui laisse entrevoir toute la noirceur du conte. De plus, l’originalité de la typographie, avec cette écriture rouge, évoque à la fois cette vaine recherche de l’amour, finalement absent de l’intrigue, mais également le sang versé par toutes les fiancées sacrifiées. Le jeu de noir et blanc, qui complète la palette chromatique de l’album, laisse transparaître les notions de deuil et de tristesse associées au destin des deux premières sœurs, ainsi que la pureté et l’innocence de la troisième qui va surmonter l’épreuve de la petite pièce de l’horreur, où gisent les corps des femmes, et sauver ses sœurs.
La singularité de cette réécriture réside également dans sa volonté assumée de rompre avec la tradition du conte. En effet, la mise en abyme de l’histoire qui prend vie au fil des pages et qui se révèle être finalement contée aux enfants au coin de l’âtre, n’est pas sans rappeler le frontispice du recueil des Contes de ma Mère l’Oye de Charles Perrault. Toutefois, la rupture s’opère lorsque l’autrice détourne la fameuse formule finale par son « Ils se marièrent ou pas, selon leur envie », redonnant à son héroïne le choix de son destin.
Entre tradition et modernité, cet album ravira donc les amateurs de contes et vous donnera même l’envie de replonger dans vos anciens recueils !

Le Portrait du lapin

Le Portrait du lapin
Emmanuel Trédez, Delphine Jacquot
Didier Jeunesse, 2020

Du l’art ou du cochon?

Par Anne-Marie Mercier

La couverture fait entrevoir bien des merveilles : un lapin qui sort d’un beau cadre ovale, endimanché comme celui d’Alice, entouré de portraits d’animaux, tous très élégants, à l’exception d’un renard au vêtement tâché de couleurs dont on devine qu’il est peintre, et d’un paon qui sort un peu du lot, on comprendra vite qu’il est davantage un symbole (celui de la vanité) qu’un personnage.
En effet, l’histoire narrée est une réécriture d’un conte de Grimm, « Les Habits neufs du grand-duc ». Un noble et riche lapin veut envoyer son portrait à la belle qu’il courtise et, suivant le conseil de son ami Cochon, engage Renard, artiste à la mode. Celui-ci, fameux pour ses monochromes, l’engage à poser nu et remet un tableau tout blanc qui fait l’admiration de tous les amis du lapin, lequel se croit obliger de voir quelque chose là où il n’y a rien.
L’argument est un peu tordu ; d’abord l’idée du nu est peu crédible et n’est pas du meilleur goût, d’autant plus que les costumes victoriens des personnages ne correspondent pas à cette pente, et est une fausse piste par rapport au conte de départ. On peut être aussi gêné que l’accusation de supercherie semble s’adresser à l’art contemporain dans son ensemble et mettre les fameux monochromes au rang de blagues. Mais l’absurdité générale finit par gagner : toute cette hsitoire n’est une vaste blague.
Les images de Delphine Jacquot sont un régal et proposent une mini histoire de l’art, avec des images qui représentent de « vrais » tableaux (enfin des copies sommaires) et d’autres des scènes dignes d’Alice au pays de merveilles.

Sauveur et fils, saisons 6

Sauveur et fils, saison 6
Marie-Aude Murail
L’école des loisirs, 2020

Comment répondre à l’angoisse des enfants d’aujourd’hui ?
ou Marie-Aude Murail en Sauveur

Par Anne-Marie Mercier

Un plaisir renouvelé encore une fois (et ce ne sera pas la dernière, il y aura un tome 7), de retrouver Sauveur Saint-Yves, le généreux psychothérapeute, sa famille élargie et ses patients.
Si le cinquième volume portait en grande partie sur les questions de genre et de différence sexuelle, le sixième est marqué par le genre policier : des armes circulent, le passé de Jovo refait surface. L’ex-mari de Louise arrivera-t-il à ses fins ? l’ancienne victime de Jovo se vengera-t-elle ou découvrira-t-elle des faits qu’elle aurait préféré ne pas connaitre ? Kimi va-t-il se servir de l’arme qu’on lui a donnée? Le patient de Jovo (qui se fait passer pour Sauveur en dehors des heures d’ouverture du cabinet) découvrira-t-il la supercherie ? D’où viennent les voix qu’entend Sarah ? Les suspens policiers s’enchainent, comme s’enchainent les suspens affectifs (Alice et Gabin vont-ils se déclarer ? Comment se résoudra la jalousie de Paul ? Frédérique trouvera-t-elle une réponse à ses questions ?…) et ce volume est tout aussi passionnant que les précédents.
Il s’y ajoute une tonalité plus sombre, et le héros doit s’avouer son impuissance face à l’atmosphère délétère de notre temps :

« Comment répondre à l’angoisse des enfants d’aujourd’hui ? Comment lutter contre ce flux, ce flot de nouvelles oppressantes, d’informations stressantes, d’images choquantes déversées de façon ininterrompue par tant de réseaux, de tuyaux, d’écrans ? Il avait beau s’appeler Sauveur, il ne luttait pas à armes égales » (p. 256).

La référence littéraire essentielle de ce volume est celle d’un conte de Grimm peu connu et peu étudié dans les classes (c’est justement une enseignante de collège qui le propose),  «Sa petite chemise de mort», appelé aussi parfois « son petit linceul » :

« oh Mère, cesse de pleurer [dit l’enfant mort], parce qu’autrement je ne peux pas m’endormir dans mon cercueil : tes larmes mouillent ma chemise de mort, et elle ne peut pas sécher.  »

L’une des leçons de ce livre s’adresse aux adultes : c’est à eux de ne pas sombrer dans l’angoisse, pour permettre à leurs enfants de vivre. Marie-Aude Murail sera certainement le Sauveur de bien des lecteurs et lectrices, par les conseils simples et le regard indulgent et généreux qu’elle porte sur leur génération.

 

La petite chemise de mort

Et Gretel

Et Gretel
Marien Tillet, Paule Ka (ill.)
CMDE ( Dans le ventre de la baleine), 2015

Au commencement était la faim

Par Anne-Marie Mercier

etgretelSi l’on voit souvent le conte de Hansel et Gretel adouci afin d’éviter aux jeunes lecteurs ou auditeurs les scènes cruelles et les descriptions effrayantes, il est ici au contraire rendu avec toutes ses aspérités, et quelques autres en plus.

Tout commence au moment où Gretel, dont on suit le point de vue de bout en bout, voit son frère repu grâce au festin de la maison en pain d’épice popularisée par les traductions françaises. Elle « a faim. Très ». Et dévore à son tour. Lorsque la sorcière apparaît, la question de la dévoration reste toujours présente, au premier plan. Dans la conclusion heureuse, le thème du manque reste bien présent malgré les richesses prises à la sorcières et le retour à la maison parentale : la faim peut revenir, ou la pauvreté, et Gretel reste marquée par cette angoisse. Contrairement à ce qui se passe dans l’univers du conte, il n’y a pas de retour à un état initial amélioré, mais un changement dans la mentalité du personnage, marqué à jamais par les épreuves.

Les illustrations sont noires, non seulement par le choix du noir et blanc qui domine en dehors de quelques taches jaunes discrètes, mais aussi par le caractère sinistre de ce qui est représenté : bois sombre, mais aussi mâchoires, intestin, ventre…

Quand on remâche Grimm, il n’y a pas que du sucré.

Les éditions du CMDE proposent toujours des choses intéressantes; j’avais rendu compte ici de l’ouvrage précédent de Marion Tillet, interprétation très libre du Petit Chaperon rouge.

 

Hansel le gourmand et Gretel la courageuse

Hansel le gourmand et Gretel la courageuse
Librement adapté des frères Grimm
Kimiko, Margaux Duroux
L’école des loisirs (Loulou et cie), 2014-12-16

Grimm au sucre

Par Anne-Marie Mercier

 

Parlons d’abHansel le gourmandord image, car c’est le côté séduisant de cet album : les personnages sont représentés par de petites figurines représentant des animaux anthropomorphes. Les photos sont lumineuses, et mettent en valeur le brillant et l’acidulé des bonbons, sucres d’orge, berlingots… Ces bonbons sont partout, très attirants, contrairement à ce qui se passe dans le conte où l’horreur de la situation des deux héros leur fait oublier ce qui les a piégés.

Tout est sucré dans cet album : le frère et la sœur ne sont pas abandonnés mais se sont perdus ; Gretel ne jette pas la sorcière dans le four, mais lui vole la clef de la cage où est retenu Hansel… Quant au titre, qui veut mettre l’héroïne en valeur, pourquoi pas, mais pourquoi tout dire à l’avance ?

Est-ce bien nécessaire aussi de proposer un classique de l’enfance déformé et dévitalisé ? Le charme de cette histoire, c’est son horreur : autant raconter autre chose si on veut s’adresser à de jeunes enfants sans leur faire peur.

 

Barbe Bleue

Barbe Bleue
Sophie Tiers, d’après les frères Grimm
CMDE, Dans le ventre de la baleine, 2011

 

Le conte des femmes découpées en morceaux découpé en morceaux

cvt_Barbe-bleue_7792Par Anne-Marie Mercier

Le titre est un peu trompeur et d’ailleurs les pages de faux titres indiquent « Barbe bleue ou presque » : il ne s’agit pas de Barbe bleue mais d’une version sanglante et magnifique, intitulée « L’oiseau d’ourdi » ou « L’oiseau Fitcher ». On trouve les raison de ces deux titres sans l’édition de Natacha Rimasson-Fertin des Contes pour les enfants et la maison (Corti, 2009, 2 vol., t. 1). ; on y trouvera également une version plus proche du Barbe-bleue de Perrault (t. 2).

Le récit commence ainsi : « Il était une fois un maître sorcier qui se donnait l’apparence d’un pauvre et s’en allait mendier de maison en maison pour s’emparer des jolies filles. Nul au monde ne savait où il les emportait, et jamais plus elles ne revenaient de là-bas. »

Sophie Tiers, comme l’indiquent les ciseaux disséminés sur les pages de garde et les soulignements de couleurs sur la page de titre et dans la dernière double page, s’est livrée à un travail étonnant de déconstruction du conte. Elle a choisi quelques mots, d’abord pris dans la première phrase (« Nul, Monde, Emportait, jamais, là-bas ») pour les insérer dans une image elle aussi fragmentaire, rapprochant certains éléments, et ainsi de suite pour chaque étape de l’histoire. Les images sont superbes et inquiétante, composées autour de fragments de corps barbouillés de rouge-sang dans un espace lui aussi déconstruit. Au lecteur de refaire l’histoire, ou d’en inventer une autre… Pour essayer, comme l’héroïne de l’histoire de remettre ensemble les morceaux séparés des corps de ses sœurs.

Magnifique, dérangeant, stimulant, à l’image de Rouge Chaperon petit le, chroniqué sur li&je il y a quelques temps, paru lui aussi au CMDE

Sophie Tiers parle très bien elle-même de son travail, et on trouvera une interview et des images ici.

Le CMDE (collectif des Métiers de l’édition), situé à Toulouse, propose une autre façon de faire des livres, comme on peut le lire sur leur site  : « Faire un livre collectivement, cela signifie avant tout qu’une création, littéraire ou graphique, n’échappe pas à son auteur. Il est, quoiqu’il arrive, au cœur de la mise en livre de son œuvre.
Créer un livre nécessite de faire intervenir d’autres corps de métiers (graphiste, typographe, correcteur, assistant de fabrication…). C’est donc tous ensemble que nous nous interrogeons sur la forme que prendra le livre, ses intentions, ce que nous voulons et devons améliorer…
Ainsi, nous épargnons à l’auteur le « procédé magique » lui faisant découvrir son livre lors de sa sortie. Chaque personne ayant participé au livre a le sentiment légitime qu’il en est aussi l’auteur. Le CMDE est une structure non hiérarchique, qui vise au décloisonnement des métiers les uns des autres. […]

La baleine est hors-genre, elle publie des livres de contes pour enfants… et pour adultes, des livres jeunesse qui moquent cette lubie des adultes, qui cherchent à « adapter » leurs propos aux enfants. Ses conteurs deviennent auteurs puis redeviennent conteurs… La baleine avale toutes les histoires depuis le début du monde, et de son ventre, les écrits, les images, résonnent à nos oreilles.»

Signalons pour les amateurs du conte de Barbe bleue la parution d’une version théâtrale, La Barbe bleue de Ludwig Tieck (1796), suivi des Sept femmes de Barbe bleue , édités par Alain Montandon aux classiques Garnier (2013).

 

 

Hansel et Gretel

Hansel et Gretel
D’après les frères Grimm, illustré par Sophie Lebot
Flammarion, Père Castor, 2014

Le conte est-il soluble dans le mignon ?

Par Anne-Marie Mercier

Hansel et GretelLe conte des Grimm (connu aussi en France sous le nom de « Jeannot et Margot ») est suivi ici de façon relativement fidèle, légèrement simplifiée et édulcorée : les éléments les plus effrayants sont gommés, de même que les références religieuses. Les illustrations concourent au même effet, elles sont colorées, douces, ajoutent du pittoresque : la pauvreté des enfants n’empêche par la rondeur de leurs joues, et le rapiéçage de leurs vêtements est une élégance de plus sur hanselgretelcouvleur costume.

L’ensemble est charmant, un peu trop peut-être. Tout dépend de l’idée qu’on se fait du conte : une histoire qui doit faire juste un tout petit peu frémir ou bien un récit archétypal, un mythe, la mise en mots de terreurs enfantines, c’est-à-dire tout ce qui a fait le succès de ce conte. Pour ceux qui préféreront ce versant, on conseille la version de Susanne Janssen aux éditions Être. Les autres auront le droit (enfin, le leur) pour préférer cette version.

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm
Ann Jonas, Sébastien Mourrain
Seuil jeunesse, 2013

GRRR !

Par Anne-Marie Mercier

hommealapeaudoursC’est un conte bien étrange que celui de L’Homme à la peau d’ours, des frères Grimm : Au début de l’histoire, on voit que la paix est un malheur… pour les soldats qui ne savent rien faire d’autre et que la société abandonne. A la fin, deux des personnages se suicident (certes, il s’agit des méchantes sœurs de l’héroïne). Au milieu, un pacte avec le diable : le héros accepte de revêtir une peau d’ours et de ne pas se laver ni se couper les ongles et les cheveux et ainsi de provoquer le dégoût chez ses semblables, malgré sa bonté. C’est une sorte de métamorphose réaliste qui oppose apparence animale d’une part, bonté et … richesse d’autre part, le second étant le plus souvent plus efficace que le premier.

Le mélange est curieux, entre obsession de l’argent et fantastique. Les dessins stylisés et sobres Le-Vaillant-Petit-Tailleurde Sébastien Mourrain. Le texte d’Anne Jonas suit fidèlement l’original.

Pour écouter le conte: http://www.youtube.com/watch?v=5CV87WJoM88

ET… puis, pour les adultes qui auraient envie de rire un peu des frères Grimm, lisez Le Vaillant petit tailleur d’Eric Chevillard, il existe en plus maintenant en version poche, un régal !

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm

L’Homme à la peau d’ours. Un conte de Grimm
Ann Jonas, Sébastien Mourrain

Seuil jeunesse, 2013

GRRR !

Par Anne-Marie Mercier

hommealapeaudoursC’est un conte bien étrange que celui de L’Homme à la peau d’ours, des frères Grimm : Au début de l’histoire, on voit que la paix est un malheur… pour les soldats qui ne savent rien faire d’autre et que la société abandonne. A la fin, deux des personnages se suicident (certes, il s’agit des méchantes sœurs de l’héroïne). Au milieu, un pacte avec le diable : le héros accepte de revêtir une peau d’ours et de ne pas se laver et se couper les ongles et les cheveux et ainsi de provoquer le dégoût chez ses semblables, malgré sa bonté. C’est une sorte de métamorphose réaliste qui oppose apparence animale d’une part, bonté et … richesse d’autre part, le second étant le plus souvent plus efficace que le premier.

Le mélange est curieux, entre obsession de l’argent et fantastique. Les dessins stylisés et sobres de Sébastien Mourrain (dommage cependant que l’intérieur soit d’un style différent de celui l’illustration de couverture) et le texte d’Anne Jonas suivent fidèlement l’original.

Pour écouter le conte