La vie rêvée des grands
Géraldine Barbe
Rouergue
Grandir ou ne pas grandir…
Par Michel Driol
Rose a dix ans, des tonnes de secrets, s’est inventé un frère imaginaire, et rêve d’avenir. Elle se sent à part. Elle vient de changer d’école, et évoque son ancienne maitresse, son maitre, les copines de la classe qu’elle a réussi à se faire, et le garçon qui lui plait. Elle évoque aussi ses rêves, ses réflexions, ses pensées, sa conception de la vie, les films qui l’ont marquée. Elle raconte quelques scènes avec un réalisme (la scène finale de la première boum, avec les filles d’un côté et les garçons de l’autre, personne n’osant danser ou faire le premier pas, est une belle réussite).
Dans une suite de chapitres courts, chacun tournant autour d’un thème, c’est le portrait sensible d’une petite fille timide que dresse Géraldine Barbe (dont on avait apprécié un précédent roman, L’Invité surprise). L’écriture est assez proche de celle d’une fillette d’une dizaine d’années : phrases courtes, marques d’oralité, et fait une place importante à l’imaginaire. Deux figures tutélaires parcourent l’auto-analyse psychologique à laquelle se livre Rose : celle du sphinx, belle façon imagée d’évoquer la timidité et ses mystères, et celles des canards – à l’image du vilain petit canard – figures doubles représentant le moi présent – réel – et le moi futur – encore transparent, en gestation, rêvé. Ces deux figures aident Rose à se percevoir et à se questionner autour de la question de grandir. 10 ans, c’est un peu un âge charnière. Qu’est-ce grandir ? Que perd-on et que gagne-t-on à devenir adulte ? Rose se voit encore enfant, alors que dans sa classe, d’autres filles sont déjà grandes… Faut-il se presser de franchir le pas ?
Ces questions, ce roman a le mérite de les poser dans une langue et à travers des situations accessibles à des enfants d’une dizaine d’années, qui y trouveront un écho à leurs propres interrogations.
Merci beaucoup, je l’ai offert à une petite Rose qui fêtera ses dix ans demain…