Ogre vole

Ogre vole
Rascal (texte) et Edith (illustrations)
Pastel l’école des loisirs 2014

Il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons. (André Gide)

Par Michel Driol

ogre-voleLe premier matin d’hiver,  un Ogre, au cours de sa promenade, voit une aile d’ange, puis deux se fixer sur son dos. Dès lors l’Ogre vole, et, dans le ciel, trouve sur des nuages tous les enfants qu’il a mangés. Alors ses ailes se détachent de lui, se divisent, et vont se fixer sur les enfants qui redescendent sur terre, tandis que l’Ogre reste prisonnier de son nuage.

Chaussé de bottes rouges, privé de nom et de prénom, Ogre est l’archétype de tous les Ogres.  C’est ainsi que le texte le présente, monstrueux personnage de légende, à la limite du vrai et du faux,  incarnation des peurs. Les cadrages de l’illustration mettent en évidence sa  stature, sa laideur presque touchante aussi, au moment où il gambade dans la neige de cette journée extraordinaire qui va lui permettre d’éprouver la peur : peur au moment de trouver l’aile, et le sentiment nouveau d’avoir à réfléchir, à ne plus se contenter des automatismes, Pour autant, mis en présence des enfants qu’il a mangés, Ogre éprouve un sentiment de culpabilité, et devient spectateur, du haut de son nuage, des retrouvailles joyeuses des enfants avec leur famille, avant de n’être plus que grondements les soirs d’orage. Il disparait de limage, qui laisse la part belle aux enfants.

Cet album vaut par le merveilleux de l’histoire – réécriture de certains contes ou légendes dans lesquels une intervention divine sauve des enfants victimes -, tout en abordant, avec des mots et des situations simples –  des thèmes particulièrement complexes : la solitude, la culpabilité, le regret, les peurs.

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