Oscar le calamar

Oscar le calamar
Valérie Strullu
Motus, 2015

Encre sympathique ?

Par Christine Moulin

Ce qui dès l’abord amuse quand on ouvre cet album de la collection « Mouchoir de poche », c’est qu’il est accompagné d’un petit sac de véritable encre de seiche! Voilà une façon originale de donner envie de lire! La dédicace est également encourageante: « Aux libres penseurs »!

La suite laisse plus perplexe. L’histoire semble hésiter entre le récit de l’enfance de l’irascible Oscar, qui toujours broie du noir et le récit de sa vie d’adulte: on se dit que ses relations conflictuelles avec ses amis vont être développées: non… On s’imagine que le fait qu’il soit devenu riche grâce à l’encre qu’il produit abondamment va influer sur les événements: non… On pense alors que sa rencontre avec le faible bigorneau va faire évoluer les choses: non… On passe finalement à un épisode où le calamar, frappé de mégalomanie, annonce qu’il va « faire régner les ténèbres à jamais » et échoue. Mais le dénouement est, lui aussi, un peu rapide. On peut retenir toutefois le jeu sur le mot « encre » qui permet à cet album de faire l’apologie de l’art et de la gratuité, face à l’orgueil et à la cupidité. Bref, on a l’impression que l’auteure avait toutes sortes de bonnes idées, dont aucune n’a été pleinement réalisée.

Cache cache

Cache cache
Song Hyunjoo
Editions amaterra 2017

Un livre pour jouer

Par Michel Driol

Un petit chien blanc s’adresse  à un enfant – le lecteur : Si on jouait à cache cache. Après quelques pages destinées à identifier les éléments graphiques du corps du chien (ses yeux, son museau, sa queue…), le jeu peut commencer. Il s’agit pour le lecteur de trouver sur la page le petit chien. Non sans malice, on le trouve ici ou là, en train de faire pipi, de jouer sous l’eau, perdu au milieu des feuillages. Des pièges, parfois, comme un petit chat. Enfin le chien enfile le short de l’enfant, se réfugie dans sa niche, et veut recommencer à jouer…

On se souvient bien sûr de « Où est Charlie ? ». En voici une version bien plus épurée, et graphiquement plus intéressante.  Mises à part quelques taches de couleur, l’album joue avec les gris, les blancs et les noirs,  dans une stylisation quasi abstraite des décors et du chien. Dès lors, les traces de l’animal sont quasiment minuscules et se confondent avec les éléments du décor, ce qui renforce la difficulté du jeu, mais reste fidèle à son esprit : ne pas se montrer, se fondre dans le paysage. Certaines pages sont d’une perfection formelle remarquable, comme le jet d’eau qui arrose les poivrons. On est dans une esthétique orientale de la suggestion, qui laisse une grande place au blanc, au non-montré. Ainsi chèvres et biquets sont réduits à une corde, des cornes, des yeux, un museau et des oreilles : des signes plus que des représentations réalistes. Ainsi des points de taille variable suggèrent le chien qui s’ébroue.

Un album original qui devrait séduire les jeunes lecteurs et, peut-être, leur montrer que la lecture est un jeu, que le lecteur est actif dans la construction du sens, et qu’il s’agit, pour lire, de chercher des indices…