Fables
Jean de La Fontaine, Henri Galeron (choix et illustrations)
(Les grandes personnes), 2021
Fables toujours jeunes
Par Anne-Marie Mercier
La multitude d’éditions des Fables à destination du jeune lectorat pourrait lasser, or ce n’est pas le cas. Tout d’abord parce que cet auteur est infini et que chaque choix de fables recompose à nouveau son œuvre, ensuite parce que chaque illustrateur apporte sa lecture, et chaque éditeur un nouveau cadre de lecture.
Henri Galeron, bien connu comme auteur d’images chez Harlin Quist, chez Gallimard (dans la collection « Mes premières découvertes » et comme illustrateur de fictions ), chez Motus (Les Bêtes curieuses, Papillons et Mamillons…), chez (Les Grandes personnes) (Le Chacheur, Paysajeux…) et créateur de nombreuses couvertures de la collection Folio restées célèbres est à la fois artiste et documentariste. Galeron excelle dans les portraits réalistes d’animaux : la Cigale et la Fourmi apparaissent avec tous leurs détails anatomiques.
Il sait aussi leur donner une expression lisible sans trop les anthropomorphiser : l’agneau du « Loup et l’agneau » a une posture suppliante tout à fait convaincante et crédible, comme le renard contemplant le corbeau. Sur le site de l’éditeur, vous verrez quelques images dont celle du « Chat, la Belette et le Petit Lapin », où le chat a une posture très drôle, à la fois vraie et humaine. Les paysages en arrière-plan sont au contraires traités comme des illustrations de livre d’enfants d’autrefois : couleurs douces, paysages stylisés, lumières variés, de l’aube à la nuit, en passant par le plein midi ; hiver, printemps, été, automne, chaque image est superbe.
Le choix opéré pour cette anthologie est très intéressant : il combine de fables célèbres (on en a évoqué quelques unes) avec d’autres beaucoup moins connues comme :
Le Cygne et le Cuisinier (« Ainsi, dans les dangers qui nous suivent en croupe / le doux parler ne nuit de rien »),
Le Lion et le Moucheron (« entre nos ennemis / les plus à craindre sont souvent les plus petits »… « aux grands périls tel a pu se soustraire, / qui périt pour la moindre affaire »),
Le Singe (« La pire espèce, c’est l’Auteur »),
L’Âne et le chien (« Il faut s’entraider, / c’est la loi de nature »),
La Tortue et les deux Canards (« Imprudence, babil et sotte vanité, / et vaine curiosité / Ont ensemble étroit parentage »),
Le Pot de terre et le Pot de fer (« Ne nous associons qu’avecque nos égaux, / ou bien il nous faudra craindre / Le destin d’un de ces pots »),
Le Lion s’en allant en guerre (« Le Monarque prudent et sage / De ses moindres sujets sait tirer quelque usage, / Et connait les divers talents : / il n’est rien d’inutile aux personnes de sens »),
Et bien d’autres, toutes intéressantes, propres à susciter un débat, drôles (« Le Coche et la mouche »), attendrissantes (oui , il y a aussi « Les deux Pigeons »), et bien sûr avec toute la musicalité et l’art du récit de La Fontaine.