Oscar le calamar

Oscar le calamar
Valérie Strullu
Motus, 2015

Encre sympathique ?

Par Christine Moulin

Ce qui dès l’abord amuse quand on ouvre cet album de la collection « Mouchoir de poche », c’est qu’il est accompagné d’un petit sac de véritable encre de seiche! Voilà une façon originale de donner envie de lire! La dédicace est également encourageante: « Aux libres penseurs »!

La suite laisse plus perplexe. L’histoire semble hésiter entre le récit de l’enfance de l’irascible Oscar, qui toujours broie du noir et le récit de sa vie d’adulte: on se dit que ses relations conflictuelles avec ses amis vont être développées: non… On s’imagine que le fait qu’il soit devenu riche grâce à l’encre qu’il produit abondamment va influer sur les événements: non… On pense alors que sa rencontre avec le faible bigorneau va faire évoluer les choses: non… On passe finalement à un épisode où le calamar, frappé de mégalomanie, annonce qu’il va « faire régner les ténèbres à jamais » et échoue. Mais le dénouement est, lui aussi, un peu rapide. On peut retenir toutefois le jeu sur le mot « encre » qui permet à cet album de faire l’apologie de l’art et de la gratuité, face à l’orgueil et à la cupidité. Bref, on a l’impression que l’auteure avait toutes sortes de bonnes idées, dont aucune n’a été pleinement réalisée.

Une Petite Heure perdue, Coeur de lierre

Une Petite Heure perdue
Nathalie Hense

mØtus (mouchoir de poche), 2011

Eloge de l’attente

Par Anne-Marie Mercier

 Dédié « à tous les enfants dont les agendas de ministre ne laissent jamais de place aux petites heures perdues », ce livre est un éloge du temps «mort », un temps plein de vie pour qui sait s’y prendre.

Un garçon attend, regarde au sol, tortille ses doigts, chantonne, rêve. L’attente se meuble de merveilles et les dessins, en blanc sur noir font exploser le monde. Ces mini-livres de mØtus sont un concentré de pensée et de beauté.

Dans la même collection, Coeur de lierre de Michel Besnier, propose des variations autour de l’image d’une feuille de lierre et des mots et jeux associés.

 

Je suis venu tout seul

Je suis venu tout seul
Nicole Dedonder

mØtus (mouchoir de poche), 2011

Deuil : mode d’emploi en petit carnet

par Anne-Marie Mercier

Rémy se rend régulièrement sur la tombe de son frère, souvent seul, parfois avec sa mère. Là, il lui parle, le questionne. Il lui raconte l’avancée de ses amours avec Louise, ce que deviennent les copains qui l’oublient, entrent en sixième, trouvent qu’un cimetière est un lieu infréquentable. Il rêve aussi, il joue, met des notes aux inscriptions qu’il lit sur les autres tombes, imagine la vie des autres, écrit ses pensées dans un petit carnet. Les années passent, mais pas le souvenir.

Imprimé en blanc sur noir comme tous les livres de cette collection « mouchoir de poche », ce n’est pas un livre funèbre et pourtant il dit beaucoup sur la mort d’un frère, avec les questions que les enfants  se posent, les vêtements qu’on essaie de leur faire porter, leur solitude face aux autres qui ne comprennent pas.

T’es qui, toi ?

T’es qui, toi ?
Julia BILLET

Møtus  (mouchoir de poche), 2010

découvertes

Par Chantal Magne-Ville

tesquitoi.pngUn format et une présentation singuliers pour un message destiné à de jeunes enfants qui les incite à aller à la rencontre de l’autre. Sur la couverture, une main tendue se détache sur le petit écran élégant d’un papier glacé noir, sur lequel le blanc des dialogues et des découpages va prendre un relief saisissant. Un sorte de tableau noir très esthétique qui illustre la « leçon » de ce premier échange entre Julie, la petite fille curieuse qui ne cesse de demander : « T’es qui, toi ? » et Jawel né de l’autre côté de la mer. Les illustrations sont découpées dans des journaux mais aussi dans des cartes routières, météo, géographiques, révélant des courbes et des lignes de vie, d’écriture, de niveau. Une superbe métaphore de tout ce qui  relie les enfants les uns aux autres de la grande section au cycle 3.