Trois histoires vraiment bien

Trois histoires vraiment bien
Julien Bauer, Magali Le Huche
Les Fourmis rouges, 2019

Vrai de vrai…

Par Anne-Marie Mercier

Voilà effectivement, comme le titre l’annonce, trois histoires, toutes trois très énigmatiques et toutes trois « vraiment bien » qui jouent avec la vérité et l’absurde.

Un jour de neige, dans un jardin public, on trouve des traces de pieds de géant, des objets qui semblent appartenir à un géant, une énorme clé avec une adresse ; on y va, une voix énorme répond, on entre et on trouve… Piplo ! Il manque les images pour accompagner cette chasse au trésor comique et mignonne dans une ville qui semble croquée par Peynet.

« Coquin Colin », est nous dit-on « une histoire vraie », celle des époux qui figurent sur le célèbre tableau de Grant Wood, « American Gothic » (1930), l’un des tableaux les plus détournés au monde : ils auraient eu un fils, Colin, très coquin, qui aurait fait leur désespoir et ils seraient tombés sur la recette d’un élixir pour enfants agités, et, de là, auraient créé une boisson elle aussi iconique des USA (celle qu’évoque le titre…). Encore une fois, l’image donne son sens plein à l’histoire comme elle la rattache à l’Histoire, la culture américaine est ici saisie dans un grand raccourci.

L’incroyable mystère est celui de la disparition conjointe du poisson rouge de Romain (Paris, 6 ans), du lama d’Ezéchiel (Pérou, 7 ans) et du chien de Mme Baxter (USA, 83 ans)… on les retrouve sur la photo officielle des dirigeants du G7 : que s’est-il passé ? et que nous dit ce miracle ? Cette histoire dit-elle quelque chose de l’Histoire ? Ou n’est-ce « que » pour en rire ?

Sous la désinvolture du titre qui fait penser à celui de l’album de Christian Voltz intitulé « Le Livre le plus génial que j’ai jamais lu », et qui semble une facilité pour un recueil de récits séparés, il y a pourtant une unité ; d’abord l’univers de Magali Le Huche et sa façon de déplacer ses personnages sur la page blanche ou dans des décors simplement esquissés, aux  coloris délicats ; ensuite le jeu entre les mots et les images, les apparences et le réel, l’humour, et une façon de ne pas se prendre au sérieux tout en affirmant le contraire.

 

 

 

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