Je connais peu de mots
Elisa Sartori
CotCotCot Editions 2021
Oser prendre la parole
Par Michel Driol
Drôle d’objet que ce leporello qui se lit à l’infini, un peu comme un ruban de Moebius, puisque quand on l’a retourné, on se retrouve sur la première page. Il y est question de la langue, celle qu’on apprend, avec difficulté, car outre les mots, il y a aussi la syntaxe à maitriser, avec ses règles, et ses exceptions. Mais, malgré cela, il y a la communication, le lien, et l’envie d’apprendre d’autres langues, d’aller vers d’autres cultures… dont on ne connait que peu de mots… à l’infini.
L’album questionne notre rapport à la langue dans un texte d’une grande sobriété pour en dire l’essentiel : à la fois le sentiment d’échec et de découragement face à l’ampleur tâche et la réussite du lien établi et entretenu, malgré tout. Belle leçon d’espoir et d’ouverture aux autres donc : aller au-delà de ses doutes, de ses insuffisances pour prendre conscience de ses réussites dans le domaine langagier ! Et belle façon de parler de notre bien commun, la langue, que chacun fait sienne peu ou prou. Tout cela est illustré par des dessins à l’encre bleue représentant une danseuse stylisée, d’abord comme noyée dans un océan face à l’immensité de la langue qui la submerge, puis émergeant petit à petit d’une sorte de pluie jusqu’à vouloir replonger encore dans l’eau de la langue.
Un livre accordéon poétique pour donner confiance à toutes celles et ceux qui se sentent en insécurité linguistique !