Comment occuper (intelligemment) des adolescents pendant le confinement?

Le Royaume de Pierre d’Angle, t. 3 (Les adieux) et 4 (Courage)
Pascale Quiviger
Le Rouergue, 2020, 2021

Merveille en quatre tomes

Par Anne-Marie Mercier

Voici la suite et fin de la magnifique série de Pascale Quivigier publiée au Rouergue, belle surprise dans le domaine de la littérature pour adolescents, à la hauteur de La Passe miroir de Christelle Dabos et pourquoi pas aussi de La Croisée des mondes, bien que d’un genre différent. Ceci ajoute une œuvre d’auteur francophone (Pascale Quivigier est canadienne) à la liste des cycles parfaitement réussis en littérature de jeunesse.
J’ai dit auparavant (voir les chroniques du tome 1 et du tome 2) tout le bien que j’en pensais : richesse et originalité de l’intrigue, réécriture neuve et sensible de thèmes des contes (comme la forêt de la Belle au bois dormant, le prince et la bergère…), présence discrète du fantastique, variété des personnages, complexité de leur personnalité. Les valeurs, très affirmées, sont cependant sans cesse interrogées, et accompagnées d’une réflexion politique. La beauté de l’univers de cette île battue par les vents, écrasée de chaleur ou pétrifiée par le gel, sert d’arrière-plan à la présence d’une nature qui est bien plus qu’un décor. Le mélange d’humour et de tragique, le suspens, la légèreté et fluidité de l’écriture et l’élégance du style dans certains passages, toutes sortes de qualités donnent beaucoup d’agréments à la lecture de cette œuvre.
Je ne résumerai pas l’histoire de peur de la « divulgâcher » ; le troisième volume est celui de l’effondrement : le royaume est soumis à diverses catastrophes dont il semble ne pas pouvoir se relever, et le roi est menacé par des complots sans fin, ourdis par son demi-frère, le prince Jacquard, dont la mère est une sorcière ; dans le quatrième volume, la reine Ema passe par toutes les souffrances jusqu’à en être parfois brisée ; les amis et amies sont infatigables dans leurs tentatives pour les protéger. La forêt de la Catastrophe (c’est son nom) dans laquelle est retenue la fille du couple royal garde son mystère jusqu’à la fin du dernier tome qui dévoile tous les mystères.

Ce volume met fin à l’aventure, aussi bien dans le sens d’y mettre un point final que dans le sens des romans arthuriens : lorsqu’il s’achève, la magie est anéantie, merveilles et horreurs ensemble, le Mal est extirpé du monde, non sans avoir causé de nombreux dégâts et la mort de certains des héros.

C’est un régal permanent, une œuvre généreuse à tout point de vue, dans laquelle le Bien et le Mal s’affrontent, au début sous des formes très reconnaissables (celle de la sorcière par exemple), pour s’opposer ensuite de manière plus subtile, les méchants pouvant connaître une rédemption inattendue et l’histoire retourner à sa source. Ce régal est aussi un festin par sa longueur et la variété de ses mets : le quatrième tome fait 680 pages ; la lecture est si addictive et fluide que ces pages défilent sans effort.

Le site de Pascale Quiviger, auteure à suivre, vaut le détour : cette plasticienne est aussi l’auteure de plusieurs textes et livres illustrés pour adultes qui ont obtenu des prix aux Canada.

 

 

 

 

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