La fourmi, l’oiseau et le vaste monde

La fourmi, l’oiseau et le vaste monde
Niels Thorez, Valérie Michel (ill.)
Editions courtes et longues, 2021

Fable cruelle

Par Christine Moulin

 

Une fourmi croit avoir fait le tour du monde et le connaître parce qu’elle a pris la carte pour le territoire, ou plutôt la mappemonde pour la terre. Son orgueil et sa suffisance sont évoqués dès le début de l’album: sur la première double page, elle est affublée d’une ombre immense mais, à peine la page tournée, le lecteur doit la chercher pour la dénicher sur le globe où elle se tient. Un dessin ici vaut mieux qu’un long discours. Pourtant, un long discours, il y en aura un: celui de la fourmi qui veut absolument raconter ses aventures d’abord à une salle vide, puis à un oiseau à qui on ne la fait pas et qui la remet à sa place, par ses propos (« Mais vous êtes plutôt fanfaronne, menteuse/Qu’exploratrice, nomade, globe-trotteuse »), et par un coup d’aile qui, littéralement, envoie la fourmi au tapis.

Comme il se doit, le narrateur nous délivre la morale de cette fable, en vers, s’il vous plaît, comme au bon vieux temps. Le lecteur apprend donc à se méfier des « charlatans qui ont leur orgueil pour étalon ». A l’heure où l’on se vante, sur les réseaux dits sociaux,  des « meeeerveilleux voyaaages » que l’on a faits, à l’heure, surtout, où, quel que soit le domaine, le paraître compte plus que la vraie connaissance faite d’humilité et d’expérience,  la leçon peut être précieuse. Mais pour les jeunes lecteurs, il faudra sans doute en accompagner la découverte car le vocabulaire, la syntaxe et même le propos sont exigeants et pourraient paraître ardus. Il est vrai que les splendides illustrations qui jouent sur les échelles aident vraiment à la compréhension et contribuent beaucoup au plaisir de lire cet album.

 

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