La Tête ailleurs, Petite Linotte

La Tête ailleurs
Gwendoline Soublin
Éditions espaces 34 (« théâtre jeunesse »), 2022

Petite Linotte
Charles Mauduit
Éditions espaces 34 (« théâtre jeunesse »), 2023

Par Anne-Marie Mercier

Pour qui aura la prudence de regarder d’abord la liste des personnages, l’énigme durera peu. Pour les autres, elle sera dense : une petite fille, croit-on, parle à « Papa », un papa amateur de baskets mâchouillées, couché sous la terre, enterré dans le jardin. Papa, c’est ainsi qu’elle appelait son chien, nommé Boris, le vrai papa ayant disparu très tôt de son horizon. Plus tard on la voit dialoguer avec sa mère, qu’elle appelle maman et qui la reprend en lui demandant de l’appeler Soledad. La fille s’appelle Voltairine, tout un programme. Aussi est-il question des luttes de la mère, des manifestations où elle emmène sa fille, et enfin de son activisme écologico-terroriste.
À travers ces dialogues on voit toute la vie de la fille (âgée alors de soixante-dix ans alors que sa mère en a éternellement trente), une vie difficile et pauvre, des relations tendues avec les autres enfants qui la trouvent trop différente, une belle rencontre avec un maitre qui sait la comprendre et partage les valeurs de l’imagination et du désir d’un monde meilleur pour tous, et surtout les relations avec sa mère, personnage courageux et, comme son nom l’indique, solitaire.
Ce sont de belles figures, des moments drôles (notamment les dialogues entre Voltairine et ses copines interloquées), et surtout un jeu subtil sur le langage et son pouvoir d’évocation, qui permet de parler avec les morts et de faire revivre à l’infini les moments importants de la vie.

Petite Linotte

La mère d’Assa laisse sa fille à sa mère, « pour se reposer ». C’est le cadre d’une rencontre entre deux générations, et même trois puisque la grand-mère superpose la relation avec sa petite-fille avec celle qu’elle avait avec sa propre fille, jusqu’au surnom qu’elle lui donnait, « linotte ». Assa rencontre aussi les enfants des environs, Yasmine qui devient son amie, Diego le garçon étrange dont elle a peur et qu’elle soupçonne de maltraiter les animaux. Tout cela se passe dans un village, puis dans la forêt. La nuit est pleine de mystères.
Assa a peur de ressembler à sa mère et d’être comme elle une linotte, un faible oiseau qui ne saura pas se débrouiller dans la vie. Elle rêve en monologues poétiques. Troubles de la personnalité, métamorphose, mensonges et découvertes…. La forêt et l’amitié permettent à Assa de « prendre son envol ». C’est une très belle fable, pleine de poésie et d’espoirs.

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