Sac à poux

Sac à poux
Nicole Amram – Marion Piffaretti
Gallimard Jeunesse 2023

Poèmes pour  rire un peu, beaucoup !

Par Michel Driol

Voilà des poèmes qui évoquent Ali Baba, les poissons d’avril, un mariage d’hippopotames, une promenade dans Paris, une maman tortue ou un papa pélican. Pour l’essentiel donc un bestiaire fantaisiste, aux animaux de toute taille (des poux et autres moustiques aux baleines) et de toutes espèces (poissons, insectes, mammifères…). Tout juste y croise-t-on Ali Baba et quelques enfants.

La forme est proche de la comptine : rimes ou assonances en fin de vers, respect d’une certaine métrique (des vers courts). Proche de la comptine aussi par le vocabulaire employé, volontiers familier, et la légèreté du ton employé. Rien de sérieux, la finalité assumée (dès le sous-titre) de ce recueil étant de faire rire. Pour cela on joue sur les situations (ce grand père éléphant qui veut faire de l’hélicoptère), les sonorités (les moustiques tic tic deviennent vite des moustoques toc toc), les mots (des associations parfois attendues : rigoler comme des baleines – parfois plus subtiles : les poissons, sciés…), l’intertextualité (on retrouve la cigale et la fourmi, Am stram gram), ou encore les onomatopées (pou pou pidou, slurp). L’ensemble est distrayant, bien illustré par Marion Pifarelli qui propose un univers coloré, joyeux, plein de détails souvent cocasses, dans lequel les objets s’animent et les animaux s’humanisent.

Si ce recueil propose une certaine approche de la poésie qui la fait descendre de son piédestal, s’il montre qu’elle peut être légère, drôle, qu’elle parle du mot et joue avec les mots, il en propose peut-être une vision un peu trop gratuite. Entendons par là une vision dans laquelle la gravité est exclue, le monde (tant le monde réel que celui des mots) n’est qu’un terrain de jeu plein de fantaisie. Pourtant un texte nous parait échapper à cette vision. D’abord parce qu’au lieu de s’inscrire dans le présent (ou le passé du récit, il est écrit au futur. On en citera ici le début :

Où iront-elle, les hirondelles
avec leur habit du dimanche ?
Où iront-elles, les hirondelles,
plumage sombre et chemise blanche ?

Tout en prenant la forme d’une légère ritournelle, le texte est peut-être le seul du recueil à poser une question, à parler du futur, du temps à venir à des enfants justement en train de grandir qu’il invite ici à rêver…

Un recueil de poèmes qui offre une image peut-être un peu trop restreinte de la poésie, mais qui sera sans doute une porte d’entrée vers ce genre à travers des formes simples et accessibles à tous.

2 réflexions sur « Sac à poux »

  1. M Driol, merci pour ce texte qui donne envie de lire mais quel dommage de froisser votre bel habit de passeur en littérature et en joie d’écrire en ne laissant pas l’auteur à son plaisir de nous faire rire et sourire !

    N Amram a bien le temps de nous faire froncer les yeux ou rider le front, laissons la nous balader en ville et à la plage ! La poésie a aussi ses soupirs d’aise, tout comme elle. Nos élèves lui en sont reconnaissants.

  2. J’ai découvert « SAC À POUX » de N. Amram en compagnie de mes petites filles de 6, 7 et 10 ans. Ensemble nous avons souri et parfois franchement ri, tant ces poésies parlent de leur vie d’enfant. Elles s’y sont reconnues en fourmi ou en cigale, ont adoré le grand père éléphant, se sont envolées avec les hirondelles…L’une d’elle s’est mise à écrire « à la manière de » sa journée d’école. Les poèmes de « sac à poux » allient l’humour à la musique des mots : ils se respirent, se goûtent, se chantent. On s’y plonge et replonge toujours avec la même joie, le même délice. Heureux ceux qui daignent descendre de leur « piédestal » pour retrouver leur âme d’enfant !

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